REGARD D'UN INTELLECTUEL MUSULMAN SUR LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE

Le monde a été secoué par une crise financière de grande amplitude entraînant une crise économique frappant un monde déjà en difficulté. Tandis que les dirigeants occidentaux avec leurs armées de spécialistes recherchent des causes et des solutions, nous autres musulmans qui nous vantons de détenir la vérité, la religion authentique et les solutions aux problèmes de l’humanité, quel regard portons-nous sur ces événements et qu’avons-nous à proposer ?

La crise a commencé par la bourse. Savons-nous ce qu’est la bourse ? Comment elle fonctionne ? La bourse est un jeu de pure spéculation. Une entreprise produit des actions pour constituer ou augmenter son capital. Ces actions sont supposées lui rapporter un pourcentage de bénéfice à la fin de la l’année. Si on sent que l’entreprise prospère, on peut obtenir plus de dividendes et les actions renchérissent. On peut alors revendre les actions pour empocher les plus-values et chercher à racheter d’autres actions qu’on estime prometteuses. Les opérateurs de la bourse sont ainsi toute la journée devant leurs ordinateurs, scrutant les courbes, anticipant les évolutions des valeurs à l’aide de logiciels et de formules extrêmement complexes, vendant et achetant toutes les minutes. Les plus malins, qui ont une infime anticipation sur les autres gagnent des profits faramineux. Tout le monde les envie, et les étudiants en finance rêvent tous de devenir des ‘’golden boys’’. Mais savez-vous d’où vient l’argent qu’ils gagnent ? C’est l’argent que les nouveaux venus viennent placer en bourse. C'est-à-dire que la bourse ne produit aucune richesse : les gens sont attirés par des promesses de profits faciles, ils achètent des actions qui valent de plus en plus cher, mais ils ne vont jamais toucher cet argent. Ils vont juste observer leur capital gonfler et gonfler jusqu’au jour où arrive la crise de confiance : là tout le monde veut vendre et sortir du jeu, les prix s’effondrent, on s’aperçoit enfin qu’il n’y a rien dans la bourse, ces actions n’ont de valeur que ce qu’on leur accorde, l’argent qui a été apporté a été empoché par les acteurs de la bourse, et on a plus que ses yeux pour pleurer. Autrement dit, les choses ne peuvent se passer autrement : les gens viennent déposer leurs économies à la bourse, les prix montent, cela attire d’autres personnes jusqu’au jour de la crise de confiance et tout le monde revient à zéro.

Mais que dit l’islam de tout ceci ? C’est haram (illicite). Oui, vous pouvez me dire que les saoudiens et autres prennent des parts dans les bourses et ont même inventé un panier d’action ‘’halal’’ composé uniquement d’entreprises ne travaillant pas dans la banque, l’alcool, etc. Sans vouloir critiquer les positions de qui que ce soit, j’affirme encore que c’est haram, car les actions ne sont pas du point de vue de l’islam une marchandise vendable : des dettes ou des participations qu’on revend des centaines de fois. Le commerce en islam doit concerner une marchandise réelle et licite, que le vendeur doit s’approprier avant de revendre. Donc tout ce système ne devrait pas exister. D’où la solution islamique : éliminer vous ces montages financiers fictifs pour revenir à une économie réelle : investir dans l’agriculture, l’industrie, le commerce ou d’autres services aux personnes ou aux entreprises.

Mais si la bourse est un système fermé où des épargnants naïfs et attirés par un gain facile viennent remettre leurs économies à des loups de la finance, comme Mr murdeveh qui a ainsi détourné 50 milliards de dollars, en quoi la chute de la bourse a-t-elle des répercussions sur l’économie ? Les répercussions se font par vagues successives.

Il y a d’abord des banques qui investissent en bourse. Or ces banques ont investi dix fois plus que ce qu’elles possèdent réellement. Elles achètent des actions sans avoir de quoi les payer en espérant les revendre rapidement et faire des bénéfices. Mais voilà qu’au lieu de gagner elles ont perdu, et ne peuvent même pas payer leurs parties. Donc cette première banque fait faillite, entraînant ses créanciers dans sa chute, d’où une faillite, en chaîne de banques. Le marché prend panique, chacun essaye de vendre ses titres pour récupérer de l’argent. Ainsi tout s’effondre et tous ces gens s’aperçoivent qu’ils ne possèdent plus rien. D’abord les employés de ces banques et ces institutions financières se retrouvent au chômage. Plus un pays a basé son économie sur la finance, plus il sera touché par la crise. Ainsi l’Islande dont l’activité principale est la finance se retrouve ruiné et demande l’aide du FMI comme un pauvre pays du tiers monde. De d’autre côté, les pauvres vivant d’agriculture et de matières premières sont les moins touchés par la crise.

Que dit l’Islam à ce sujet ? L’Islam condamne l’endettement en interdisant l’usure. Cet endettement de la majorité des acteurs économiques crée une interdépendance des entreprises qu’en cas de crise se traduit par des faillites en chaîne. Une économie sans endettement ou avec un minimum d’endettement est beaucoup plus solide.

Ensuite tous ces épargnants qui ont perdu leur avoir en bourse reconsidèrent immédiatement leurs dépenses et leurs projets d’investissement. La première chose qui est sacrifiée est l’achat d’une voiture neuve ou d’une maison neuve, en plus de toute la consommation qui est réduite. Il en résulte une crise terrible du secteur automobile ainsi que du BTP (Bâtiments Travaux Publics). Ces deux secteurs ont à leur tour des répercussions très larges car de nombreux fournisseurs et partenaires y sont associés. En fin la bourse générale de l’activité et du pouvoir d’achat affaiblit tous les agents économiques et entraîne le pays vers la récession.

Mais il y a un facteur qui n’a pas été dit et qui a son importance. Il y a bien longtemps, lors des mes études, l’endettement des foyers américains au 1er Janvier 1990 avait atteint la totalité de leurs revenus de 1990 !

Mais pourquoi cette folie ? Pour consommer plus, on prend des crédits sans fin, les banques veulent prêter coûte que coûte, et les gens veulent consommer maintenant au lieu d’attendre demain. C’est dire la fragilité de toute l’économie.

Là aussi vous voyer comment l’Islam évite ce genre de situation en empêchant les prêts à intérêt et en condamnant l’excès de consommation et la course effrénée aux biens de ce bas monde.

Maintenant quelles solutions les dirigeants occidentaux prennent – ils pour sortir de la crise et éviter qu’elle puisse se reproduire. Ils appellent d’abord à une régulation des marchés financiers : émettre des règles pour limiter les possibilités de spéculation et d’endettement. Or je vous dis que la bourse est une structure qui ne sert qu’à la spéculation et la mystification et que la solution est de l’éliminer purement et simplement, et celui qui investira dans une entreprise n’aura qu’à attendre ses dividendes à la fin de l’année.

Ensuite, pour relancer l’économie, on baisse les taux d’intérêts. Cela permet aux investisseurs d’avoir de l’argent à moindre coût donc toutes les activités économiques sont relancées. Mais alors pourquoi ne pas baisser plus encore le taux d’intérêt ou le ramener à zéro ? La première raison est la fuite des capitaux : les détenteurs de capitaux vont préférer placer dans d’autres pays où les taux d’intérêts sont plus élevés. La deuxième est la crainte de la surchauffe de l’économie, s’il y a trop d’activités cela causera l’inflation qui porte préjudice à l’économie. La troisième raison qu’on ne dit pas et qui ne fait pas l’affaire des capitalistes : depuis avant la crise financière, l’économie occidentale souffre de chômage et de ralentissement. Une solution simple et efficace était de baisser les taux d’intérêts. Mais l’intérêt de millions de chômeurs et du pays tout entier était sacrifié pour celui d’une poigné de capitalistes. Voyez encore les bienfaits des règles de l’Islam. Et ce n’est que maintenant que tout est en train de couler qu’on se résigne à baisser les taux d’intérêt, mais pour que cette mesure soit efficace, il faudrait que tout le monde le fasse ensemble.

La solution suivante que tous les Etats ont adoptée est le soutien de l’état à l’économie. Or tous les Etats sont déjà lourdement endettés ; par quels moyens peuvent – ils lancer de grands chantiers et grands programmes de soutien aux entreprises ? Réponse : la planche billets. Percevez-vous le vice et la fausseté de cette mesure ? Donc l’Etat n’a qu’à imprimer autant de billets qu’il veut pour régler les dettes de tout le monde, créer des emplois pour les chômeurs et résorber tous les problèmes ? Mais y a – t – il des conséquences à cela ? La conséquence est que la monnaie devient moins crédible, puis elle est dévaluée, appauvrissant le pays face à ses partenaires.

Si la situation devient trop grave, la monnaie devra être abandonnée. Sachez que l’Occident, et les Etats-Unis en particulier, se dirigent droit vers ce schéma, et les bénéficiaires de leur chute servaient les pays à économie stable, tels la chance ou les pays pétroliers. Vous rendez-vous compte que pendant tout ce temps les Etats-Unis ont acheté tout ce qu’ils veulent dans le monde avec leur déficit annuel d’environ 1.000 milliards de dollars juste en imprimant des billets ? Une terrible injustice!

Cheikh Ben Halima Abraouf