CONSEILS POUR LES FUNERAILLES

Je remercie Allah que les recommandations les plus importantes de l’Islam à ce sujet : ne pas crier pour le mort, déchirer ses habits ou faire des actes insensés, ne pas exagérer la construction de la tombe, ne pas payer des griottes ou des pleureuses, garder sa sérénité, accepter la mort et prier, ces enseignements sont assimilés par une bonne partie de la population musulmane. Je voudrais donc parler de certains aspects complémentaires pour améliorer le déroulement des funérailles.

Je vais commencer par l’aspect financier, le décès entraîne des dépenses immédiates : annonces à la radio, location de bâches et chaises, frais d’enterrement, repas pour les visiteurs, dépenses pour les imams, multiples frais pour les procédures administratives, sans compter les dépenses médicales précédant le décès qui peuvent épuiser la famille et le manque à gagner si le défunt travaillait. Pour cela il convient d’une part de réduire les dépenses et d’autre part de soutenir financièrement la famille.

Parmi les enseignements que nous prodigue l’Islam à cet effet, il y a la recommandation du Prophète (saw) d’envoyer la nourriture à la famille du défunt, pour qu’ils n’aient pas à faire la cuisine pour eux ni pour les gens. Bien sûr, de nos jours il y a des membres de la famille qui viennent de loin présenter les condoléances et on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils rapportent la nourriture, et il faut bien les nourrir, mais il reste la majorité des parents et amis qui sont proches qui peuvent amener la nourriture, même si c’est un peu chacun, même si c’est des ingrédients non cuits, et d’autres parents pourront préparer sur place pour soulager la famille, et même si c’est de l’argent pour acheter et cuisiner. Maintenant en plus de la famille proprement dite – ceux qui habitaient avec le défunt- -il y a des parents qui viennent de loin et les proches qui passent toute la journée pour soutenir la famille, et en l’absence de nourriture apportée on est obligé de préparer, et on est tenté d’offrir la nourriture à tous les visiteurs alors que ça ne fait pas partie de la coutume islamique. Ce que je veux conseiller est que si vous vous retrouvez dans cette situation préparez une nourriture aussi sobre que possible, sans viande, pour vous en tenir à la contrainte et pour que tout le monde comprenne qu’on ne les a pas invités à une fête et qu’ils sachent que c’était leur devoir d’amener à manger. Vous-mêmes, que cela soit une leçon pour vous pour apporter à manger quand vous irez aux funérailles des autres.

Maintenant, de la même façon que la zakat du ramadan a été changée en argent – sauf pour une petite partie des savants qui refuse cela – cette nourriture qu’on apporte peut être remplacée par l’argent. En effet il peut être plus simple pour le visiteur et plus intéressant pour la famille d’acheter et préparer une seule nourriture - à condition qu’il y ait suffisamment de bras dévoués – en plus du soutien pour les dépenses multiples.

Un deuxième poste de dépenses à réduire est les frais d’enterrement et de cérémonies. Quelle que soit votre richesse, cherchez la tombe et pierre tombale les plus simples car la plupart de celles que je vois au cimetière dépassent les 15 ou 20cm autorisés par l’islam. Pour ce qui est des sacrifices à faire pour les morts, il faut bien comprendre ce qu’on fait : ce sont les aumônes en hassanat – bonnes actions – qui bénéficient au mort. Et il s’agit de toute bonne action que l’Islam recommande, tu fais et tu dis : O Allah, j’offre la récompense de cette action à telle personne. Ca peut être des prières, lectures de Coran, dhikr, jeûnes et tout bonne action, sans nécessairement dépenser de l’argent, encore moins égorger une bête et encore moins payer des gens pour lire le Coran pour le mort . Même si vos connaissances en religion sont limitées vous pouvez décider de lire chacun ‘qol houwa Allahou ahad’ mille fois ou réciter ‘la ilaha illa Allah’ cent mille fois et offrir au mort. C’est juste un exemple pour vous montrer que chacun peut le faire, qu’on n’a pas besoin de dépenser l’argent et qu’on n’a pas besoin d’amener des étrangers pour faire les prières.

Par ailleurs les funérailles en Islam durent trois jours durant lesquels la famille reçoit les condoléances puis c’est terminé. On peut dire que de nos jours avec les moyens de communication rapides il y a des gens qui reçoivent l’information et qui ne peuvent se présenter dans les trois jours, ce qui n’existait pas avant. Est-ce que cela justifie l’ajout du septième jour pour recevoir les condoléances ? Ou bien le fait que des collègues de travail voudraient se cotiser pour aider la famille ? En tout cas, si c’est vraiment un besoin, il faut le réduire à sa forme la plus simple, et ceux qui sont déjà venus n’auront pas besoin de revenir. Quant au quarantième jour puis l’anniversaire chaque année, cela est à bannir totalement. Même si on veut une occasion pour offrir des prières au défunt périodiquement, on n’a qu’à faire cela-soi même ou en famille sans en informer quelqu’un de l’extérieur.

Maintenant, les visites de condoléances, comment doivent-elles se dérouler ? Le visiteur arrive, salue la famille, présente ses condoléances puis s’assoit. A partir de là, la majorité des gens ne sait pas quoi faire. Ils restent assis jusqu’à ressentir qu’ils ont accompli leur devoir et que leur présence devient gênante puis demandent à partir. Il faut remplacer cette attitude passive par des prières : lire la sourate Yassine est la plus adaptée, avec l’intention d’offrir les récompenses au défunt. Aussi la famille du mort n’a qu’à proposer un Coran pour lire Yassine à chaque visiteur qui peut le faire. J’ai malheureusement découvert au cours de cette expérience le petit nombre de gens qui savent lire le Coran (bien sûr cela varie selon les pays). Si la personne ne sait pas lire l’arabe, proposez-lui une autre invocation : par exemple lire sourate Ikhlass 100 fois. Après cette lecture, le visiteur lèvera les mains pour prier pour le défunt à voix haute s’il le peut, sinon pour lui-même. A cette occasion j’encourage les imams, oustazs et autres prédicateurs à traduire leurs prières dans les langues que les gens comprennent pourqu’ils ne soient pas simplement en train de dire « amine » sans rien comprendre. Le visiteur devrait aussi adresser ses condoléances à la famille en mentionnant le qualités du défunt, comme a dit le Prophète (saw) : « Citez vos défunts en bien », sans tomber dans l’exagération et le mensonge puis leur adresser des conseils et des prières avant de se mettre à lire Yassine ou autres invocations. Après les prières la personne s’en va et ainsi les funérailles ne doivent pas être un moment où on s’ennuie, on regarde la télé ou on cause pour passer le temps.

Je suis étonné de voir que dès que quelqu’un commence à pleurer, tout le monde le fait taire : « Il ne faut pas pleurer », « non, non, non ! » etc. Les larmes sont une miséricorde d’Allah a dit le Prophète (saw), quand il a perdu son fils Ibrahim. Cela soulage et évite de garder le cœur noué. Donc au lieu de leur dire d’arrêter il faut leur donner des mouchoirs.

Une grande question est le veuvage. Pour l’amour d’Allah, laissez les veuves tranquilles ! Il n’y a pas d’habit qui leur soit imposé, pas de limitation à leurs déplacements, pas de vieilles qui doivent dormir avec elles, etc. Il n’y a rien que l’interdiction de se marier pendant 4 mois et 10 jours ou de préparer un mariage pendant cette période. Les affaires du défunt font partie de l’héritage, on se les partage ou on les offre ou on les donne en aumône mais l’Islam ne permet pas de les détruire ou les cacher indéfiniment. Quant à l’héritage, il vaut mieux le régler le plus vite possible pour que les cœurs soient apaisés et que chacun fasse sa vie, surtout ne pas laisser les biens en commun jusqu’à ce que les héritiers meurent à leur tour et que la situation devienne très compliquée.