CELEBRER LE MARIAGE ISLAMIQUE

Louanges à Allah et prière et salut sur son prophète (sws).

J'ai été marqué par deux faits relatifs au mariage durant ce séjour en France. Le premier est que de nombreux couples n'arrivent pas à trouver un imam pour célébrer leur mariage en raison d'une situation administrative compliquée. Les imams en fait veulent qu'il soit fait en même temps un mariage civil. Or de nombreux couples ne le souhaitent pas pour diverses raisons. Le couple peut être très jeune et pas prêt pour un mariage civil. Ça peut être un mariage polygame ou bien un des deux a une procédure de divorce en cours. Il se peut que suite à un divorce compliqué administrativement la personne ne veut plus de mariage civil et veut s'en tenir uniquement aux règles islamiques. Ils peuvent aussi ne pas avoir de papiers de séjour. Ils peuvent tout simplement ne pas être intéressés par le mariage civil, comme de nombreux français qui fondent un foyer et ne se marient jamais civilement. Les imams refusent ces mariages pour des raisons diverses. D'abord le mariage en Islam donne lieu à des règles en matière de droits et devoirs, de divorce, d'héritage et de filiation, et seule la loi peut obliger une personne à respecter ses devoirs. Autrement dit, si suite à un mariage islamique un des deux ne respecte pas ses devoirs l'imam ne pourra rien imposer et on se retrouve avec des situations déplorables comme une femme sans papiers qu'un homme prend en mariage islamique et le jour où elle lui demande de lui faire les papiers il la met à la porte. Pire encore pour une autre, il ne reconnaît pas l'enfant qu'elle porte de lui. On ne peut dire si ces cas sont rares ou nombreux par rapport à la totalité des mariages religieux, mais il y en a assez pour traumatiser les imams et les responsables des mosquées et décider de déléguer le mariage aux autorités du pays. On en arrive à dire que le mariage islamique n'est pas valable car il ne garantit pas les droits et devoirs que l'islam a établis. Par ailleurs la loi française a interdit depuis la révolution aux églises et synagogues de célébrer des mariages sans qu'ils soient préalablement enregistrés à la municipalité. Evidemment la loi se doit de gérer les situations familiales de divorce, héritage, filiation, etc., donc ils doivent savoir qui est marié à qui. Les musulmans doivent entrer dans le même cadre, donc aucune institution islamique ne peut proclamer qu'elle célèbre des mariages en marge de la légalité.

Pour ma part, je reste convaincu que le mariage islamique reste toujours valable car le halal et haram qu'Allah a établis sont immuables. Les anges ont des instructions pour inscrire le zina en péché et les rapports entre époux en bonne action. Donc les anges doivent parfaitement connaître qui est marié à qui. Et si on change de pays ou que la loi du pays change, est-ce que les anges vont recevoir de nouvelles instructions et classer en fornicateurs ceux qui ne rentrent pas dans les critères de la loi du pays. Bien sûr que non, les anges appliquent ce qu'Allah a décrété et qui ne change pas. Donc le mariage qui permet d'éviter le péché et de rentrer dans la bénédiction du halal tel qu'enseigné par le prophète (s) est toujours valable et toujours le même. Cinq conditions: l'accord des deux, le tuteur pour la femme, deux témoins, la dot, la demande et l'acceptation, et deux sounnas: le discours avant la célébration du mariage et le repas après, voilà le mariage islamique.

Donc j'appelle à célébrer massivement les mariages de tous ceux qui le souhaitent. Il est légitime d'exiger des garanties quand quelqu'un vient demander la main de votre fille ou parente et il est légitime d'exiger un mariage civil. Mis ceux qui s'aiment, qui cherchent depuis des années à se marier, qui n'attendent que cela pour vivre ensemble ou qui vivent déjà ensemble ou commettent la fornication ou risquent de la commettre ou ont déjà des enfants, qu'attendons-nous encore ? Il faut les marier au plus tôt.

J'ai déjà mentionné dans un précédent article qu'il n'y  pas de période d'attente à respecter en cas de zina, et que même une femme enceinte peut être mariée au père de l'enfant qu'elle porte et que le mariage légitimera les enfants nés avant selon certains savants, fatwa dont nous avons grand besoin en cette époque. Une autre question: qui est habilité à célébrer un mariage ? A l'origine, il n'y a pas d'imam ou autre responsable ou officiel pour célébrer le mariage, les gens se marient entre eux et c'est le demandeur et le tuteur qui font les discours. Depuis l'appauvrissement de la connaissance religieuse on fait appel aux spécialistes pour diriger la cérémonie. Disons simplement que toute personne qui a maîtrisé les conditions du mariage peut le célébrer, quitte à demander à un connaisseur si le cas présente des aspects compliqués ou ambigus. Je vous cite certains cas que j'ai rencontrés durant ce séjour. Un couple chacun divorcé deux fois veulent se marier sans informer leurs familles pour éviter des problèmes. Alhamdou lillah, j'ai célébré le mariage sur le champ avec les témoins qu'on a pu trouver. Et c'est tout, on se marie et la vie continue. Un arabe vit avec une française convertie et ne peut pas l'épouser parce que sa mère refuse et il ne veut pas lui faire du mal. Je lui dis donc de faire le mariage sans informer la mère puis laisser le temps faire les choses. Une femme a été divorcée par son mari qui a engagé une procédure de divorce, mais ensuite il s'est rétracté mais elle ne veut plus de lui et continue la procédure de divorce. Elle veut se marier maintenant avec un autre. Ce n'est pas possible car il n'y a pas encore de divorce avec son mari.

Le deuxième fait qui m'a marqué est le nombre de jeunes femmes - autour de la trentaine - divorcées qui ne se remarient plus. Je trouve effrayant le nombre de divorces entre musulmans pour ne pas dire arabes, et les femmes divorcées - surtout avec des enfants - se remarient très peu. Les raisons sont multiples: traumatisme de la femme qui se méfie maintenant de tout homme; facilités sociales qui permettent à la femme de bien vivre cette situation sans avoir besoin d'un homme; bien sûr les hommes préfèrent une fille jamais mariée et sans enfants ; la femme a sa maison qu'elle ne veut pas quitter et l'homme qui va venir s'installer chez elle est donc en situation précaire. Les conséquences de cette situation sont évidents: vie douloureuse d'une femme seule avec ses enfants ; absence de modèle de couple pour les enfants : si ceux qui ont grandi avec deux parents et une famille unie n'ont pas réussi à reproduire ce modèle, qu'en sera-t-il de ceux qui ont grandi hors de ce cadre ? Par ailleurs la tentation est là : nombre d'hommes vont convoiter ces femmes et  certaines tomberont immanquablement dans la tentation tandis que d'autres progressivement ou brutalement passeront d'une vie de pratiquante voilée à une vie de débauchée aux antipodes de l'islam. Si après une génération en France nous en sommes là, que sera la suite ? Qu'Allah ait pitié de notre communauté.

La solution que je préconise est d'abord de conseiller aux sœurs de patienter. Les divorces se multiplient à cause de la dégradation du comportement aussi bien chez les hommes que les femmes, mais c'est la femme qui doit se concentrer sur le bonheur de son foyer et ses enfants et supporter. Par exemple une patiente me dit qu'elle souffre trop car son mari n'est pas câlin et c'est toujours elle qui doit aller vers lui. Je lui dis: que dire donc d'un homme qui rentre ivre et qui bât sa femme ? Qui découche et la trompe ? Qui dépense son argent en jeux de hasard et en débauche ? Etc. Donc il faut patienter et supporter et remercier Allah pour sa situation et regarder les aspects positifs. Bien sûr, les hommes et les femmes doivent améliorer leur comportement, mais une fois devant le fait accompli qu'Allah aide nos sœurs à accepter et supporter leurs vies et préserve nos communautés du divorce. L'autre solution est le mariage "light". Que signifie un mariage "light" ? C'est un mariage où on renonce à certains de ses droits. Par exemple je pourrais épouser une femme qui vit avec ses enfants mais je ne m'engage pas à la prendre en charge mais juste à apporter un complément de revenu dans son foyer, ou bien si c'est une seconde épouse je ne partagerai pas les nuits mais je viendrai quand je pourrai, ou d'autres concessions pour s'arranger. Certains peuvent crier au scandale et dire que ça revient à  prendre une maîtresse, mais le halal reste le halal et le but est d'éviter le zina, et le meilleur outil que l'islam nous a donné pour cela est le "plein-mariage", et du temps du prophète (s) et de ses compagnons personne ne restait célibataire et suite aux guerres constantes certaines femmes eurent de multiples maris et les femmes acceptaient en fait le premier venu. Il en résulte que pour que tout le monde soit marié, le mariage doit être un peu désacralisé et simplifié - notamment je répète pour ceux précédemment mariés - pour être plus accessible.

Qu'Allah guide les musulmans et les préserve des tentations.