LES 10 SUNNAS DE PHARAON ET LES 5 SUNNAS DE BELKYS

Louange à Allah et prière et paix sur son prophète. Les sunnas de Pharaon et Belkys dont il est question ici ne concernent pas la croyance et la pratique religieuse, mais la manière de dialoguer, d’échanger et de se comporter face à une opinion différente.

1) « Je ne vous fais voir que ce que je vois et je ne vous guide que sur la voie de la raison » (40/29). Voici le plus important principe de la mentalité pharaonienne : « je ne vous montre que ce que je vois » ; tout ce que je vous explique, c’est parce que j’en suis profondément convaincu. « Et je ne vous guide que sur la voie de la raison » : de surcroît, c’est cela qui est bon et juste, donc inutile de chercher ailleurs ou d’écouter un autre : mon avis est le bon et il vous suffit largement.

2) « Je crains qu’il ne vous change votre religion ou qu’il ne fasse régner la corruption sur terre » (40/26). Surtout ne l’écoutez pas, car vous êtes faibles et il vous influencera en mal alors laissez-moi vous protéger de son influence.

3) « On dit aux gens : « êtes-vous tous là ? Peut-être suivrons-nous les sorciers s’ils sont vainqueurs » » (26/39-40). Annoncer sa victoire certaine avant la confrontation.

4) « Ne t’avons-nous pas élevé parmi nous depuis ta naissance et n’as-tu passé parmi nous plusieurs années de ta vie ? N’as-tu point commis ton fameux forfait en dépit de toute reconnaissance ? » (26/18-19). Attaquer l’adversaire sur sa vie personnelle et son passé au lieu de discuter du sujet dont il est question et juger les opinions par les personnes au lieu de les considérer objectivement.

5) « Qu’en sera-t-il alors des premières générations ? » (20/51). Détourner la discussion vers des hors sujets et des culs de sacs quand on est dépassé par les arguments.

6) « Apporte-la donc (la preuve évidente) si tu es un homme sincère » (26/31) « Quel que soit le signe que tu nous apporteras pour nous ensorceler, nous ne sommes pas disposés à le croire » (7/132). Réfuter toutes les preuves et arguments qui ne vont pas dans son sens alors qu’il était le premier à réclamer des preuves.

7) « Si tu adoptes un autre Dieu que moi, je te mettrai sûrement en prison » (26/29). Si on échoue par la voie du dialogue et qu’on n’a plus d’arguments pour convaincre, on passe à la manière forte.

8) « Mais il n’est en réalité que votre grand maître qui vous a appris la magie » (20/71). Se placer au-dessus des spécialistes et experts et les accuser d’incompétence ou de parti-pris si leur opinion n’est pas conforme à la nôtre.

9) « Quand les sorciers arrivèrent, ils dirent à Pharaon : « avons-nous une récompense certaine si nous sommes les vainqueurs ? Il dit : « oui, et vous serez parmi les favoris » » (26/41-42). Récompenser et honorer les participants en fonction de leur adhésion à sa cause et non en fonction de la vérité.

10) « Nous en fîmes un précédent (salaf) et un exemple pour les générations futures » (43/56). Si vous constatez les neuf premières sunnas de Pharaon dans votre vie, alors vous êtes un Salafi. Salaf veut dire un prédécesseur qui a fait un antécédent, et le salafi est celui qui suit cet antécédent, et la seule fois qu’Allah emploie ce mot dans le Coran est pour Pharaon. Si vous suivez la sounna de Pharaon vous êtes un salafi… de Pharaon.

Allah nous donne un modèle de gestion humaine par la concertation (choura), l’écoute et l’échange à travers l’histoire de Belkys la reine de Saba (même s’il n’y a pas certitude sur son nom) dans la sourate Les Fourmis.

«Elle dit : Ô éminents seigneurs ! On vient de me jeter une noble lettre (29). Elle vient de Salomon et c’est : « au nom de Dieu le Miséricordieux par essence et par excellence (30). Ne vous montrez point orgueilleux avec moi et venez à moi en toute soumission » (31).

1 Ainsi la choura commence par réunir les concernés et leur exposer la situation. Cela permet à tout le monde de se concentrer sur le sujet, de saisir les enjeux de la situation et de réfléchir avec les mêmes données.

« Elle dit : Ô dignitaires de la cour ! Donnez-moi votre avis dans cette affaire qui me touche et je ne prends jamais de décision si ce n’est en votre présence (32) ».

2 Voici le cœur de la choura – concertation ou consultation : le responsable, quel que soit son niveau de connaissance, d’expérience et de maîtrise du sujet ne prend jamais de décision sans en discuter avec son équipe car il ressent un doute sur la pertinence de sa propre position, il espère trouver une idée meilleure chez ses camarades ou un moyen d’améliorer son idée et il cherche leur accord et leur collaboration avant de prendre la décision. Par ailleurs elle a laissé la liberté à chacun de s’exprimer selon son désir au lieu d’interroger un par un ou de cadrer les interventions d’une façon ou d’une autre.

« Ils dirent : Nous disposons d’une grande force et nous sommes durs au combat et la décision revient à toi. Réfléchis à ce que tu vas ordonner (33) ».

3 Voici le modèle pour l’équipe qui est avec le chef : donner son opinion en toute franchise ; manifester qu’on est soi-même prêt et engagé entièrement dans la cause qui nous réunit ; et être prêt à accepter la décision du chef quelle qu’elle soit.

« Elle dit : quand les rois rentrent dans une cité, ils la corrompent, humilient les personnalités les plus hautes et c’est ainsi qu’ils agissent (34) ».

4 Avant de trancher, elle a expliqué les conséquences de la guerre et a donné des exemples. En effet en étudiant toutes les guerres on s’aperçoit que la plupart du temps les belligérants minimisent la force de leurs adversaires et les conséquences de la guerre et souvent même les gagnants ont tout perdu. Cela évite de prendre une décision incomprise du groupe qui risque de créer une fracture dans le groupe et une contestation de la valeur du leadership.

« Je vais leur envoyer un cadeau et voir quelle réponse vont rapporter les messagers (35) ».

5 Ensuite elle a choisi une solution intermédiaire entre la soumission qu’exigeait Soulaymane alayhi salam et la résistance que proposait son conseil : envoyer un cadeau pour tâter le terrain et chercher un arrangement. Ah, si seulement les présidents aujourd’hui s’échangeaient des cadeaux au lieu de se faire la guerre ! Et si seulement les groupes et tendances islamiques se rapprochaient avec respect et dialogue au lieu des critiques et de la rupture ! Et voilà l’objectif central de la choura : construire à partir des opinions, des connaissances et des expériences de tous les présents, construire une position commune enrichie par tous les aspects positifs que les uns et les autres ont souligné ; donc le meilleur qu’on puisse tirer de ce groupe, et l’émir est celui qui dirige les discussions, recherche les aspects positifs et les synthétise dans une décision finale. La qualité requise en l’émir est donc celui qui peut exploiter au mieux tous les potentiels du groupe.

Qu’Allah nous aide et nous guide.