SAUTER LE MUR

Louanges à Allah et bénédictions et salut sur Son Messager.

La Bataille la plus dure que les sahabas, qu’Allah soit satisfait d’eux, aient livrée est la bataille de Yamama contre Mousaylima le faux prophète. Les musulmans sous le commandement de Khalid Ibn Alwalid étaient 12.000 alors que les mécréants étaient 100.000. A un moment de la bataille, les mécréants se réfugièrent dans leur forteresse et les musulmans n’avaient pas de moyen d’enfoncer la porte ou d’escalader le mur. Albara Ibn Malik se leva sur un bouclier et dit : « Levez-moi avec vos lances ! ». Ils soulevèrent le bouclier avec Albara dessus avec leurs mains puis avec leurs lances : il s’agrippa alors au mur et sauta parmi les mécréants. Il se battit, se battit et se battit jusqu’à ce qu’il ouvrit la porte. Les musulmans entrèrent alors et il tomba évanoui, avec plus de 80 coups de sabre, de lance et de flèche sur son corps, et dix mécréants étaient morts autour de lui. Le combat fit rage et les musulmans comprirent que la seule façon d’y mettre fin était de tuer Mousaylima, ce que fit Wahchi avec la même lance avec laquelle il avait tué Hamza. Khalid attendit un mois avec toute l’armée qu’Albara se rétablisse de ses blessures. Allahou akbar ! C’est le sauteur de mur et c’est mon personnage préféré parmi les compagnons, même si le meilleur compagnon est Abou Bakr, puis Omar etc.

Albara Ibn Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, a d’autres histoires. Une fois, les musulmans assiégeaient une forteresse perse. Les perses avaient une technique qui consistait à chauffer des crochets liés à une chaîne, puis les jeter du haut du mur de la forteresse pour accrocher des ennemis, puis les soulever à leur niveau pour les tuer. Ils accrochèrent ainsi Anas Ibn Malik – demi-frère d’Albara – et le soulevèrent jusqu’à le décoller. Les musulmans vinrent voir Albara précipitamment : « Viens vite, ton frère a été attrapé ». Il arriva, il sauta sur le mur, puis sauta sur la chaîne et se mit à tirer la chaîne et à la remonter jusqu’à la corde qui tenait la chaîne et la coupa. Il tomba alors à terre lui et Anas, qu’Allah soit satisfait d’eux ; il regarda sa main et ses os étaient nus.

Comment est mort Albara ? Dans une bataille contre les perses, les musulmans furent battus et fuirent. Albara dit : « Ça c’est impossible ! » et il resta seul à se battre contre les perses jusqu’à ce que les musulmans retournèrent et gagnèrent la bataille. Quelques jours plus tard, il mourut de ses blessures.

La moralité de cette histoire est de se lancer complètement pour la cause d’Allah en mettant sa confiance en Allah et en se battant de toutes ses forces, que ce soit dans un effort de guerre comme Albara, ou de prêche ou d’enseignement ou de donner son argent ou toute autre forme de lutte pour la religion. Bien sûr, il faut avoir la certitude de lutter pour la bonne cause et de faire une chose qu’Allah aime. Il faut aussi mesurer ses forces et sa capacité à assumer les conséquences de ses actes pour ne pas périr inutilement. Mais justement Allah aide ceux qui soutiennent la religion, donc plus on se donne et plus Allah augmente nos capacités.

J’appelle Albara « le sauteur de mur », celui qui fait ce que tout le monde considère comme impossible, plus que ça même : ce que les gens ne peuvent même pas imaginer : l’impensable. Arriver devant un mur, une situation où tous les gens sont arrêtés et personne n’a de solution et voir une solution à travers un sacrifice phénoménal et se lancer sans hésiter. Une personne qui fait la différence dans une bataille et qui change le cours de l’histoire. Cette personnalité et ce caractère est celui qui me passionne le plus parmi les sahabas, qu’Allah soit satisfait d’eux tous, et je vais donc vous raconter certaines de mes histoires personnelles qui vont dans ce sens in cha Allah. Pourquoi raconter mes histoires ? Essentiellement parce qu’elles sont source d’encouragement et j’espère que vous en profiterez, et il n’est pas permis de cacher une science profitable. Mais est-ce que ce n’est pas de la vanité ou un manque de sincérité de dévoiler ses oeuvres ? Les actions dont il s’agit ont toutes été faites en public et sont donc connues d’un certain nombre de personnes.

1 Tournée prière de sobh

J’ai commencé la prière quand j’avais 15 ans et demi. Vers mes 17 ans j’ai acheté un vélo. Comme j’étais un des plus assidus à la prière de sobh à la mosquée par la grâce d’Allah, ça m’a permis de faire la tournée de sobh : je passais à plusieurs maisons pour appuyer sur la sonnette, frapper à la fenêtre ou tirer la ficelle pour réveiller les frères pour qu’ils viennent prier à la mosquée. Au bout d’un moment il y eut des plaintes dans des foyers car d’autres étaient réveillés et les anciens me demandèrent de cesser cette tournée.

2 Jawla au lycée

L’année du bac fut l’année ou un centre de daâwa s’ouvrit à El Menzah 6 près de chez nous à El Menzah 5, ce qui me permit de participer plus et de m’imprégner. Je fis alors la jawla – tournée de prêche – au lycée, dans un contexte des plus difficiles – répression et lourde atmosphère anti-islamiste - en 1985. Alhamdou lillah, le nombre de pratiquants avait atteint la moitié de la classe.

3 Corriger l’épreuve du bac

Quand j’ai passé le bac, il y avait une erreur dans l’énoncé de mathématiques. J’ai fait la démonstration que l’énoncé était faux. Bien sûr ce n’est pas la religion mais les mathématiques, mais qui a la certitude d’avoir raison seul face à tous, même ses profs ? Et qui a le courage de dire la vérité seul contre tous ? Il s’est avéré qu’il y avait une faute dans l’énoncé et que j’avais raison.

4 Donner tout l’argent du bac

Une banque donnait à chaque élève qui a obtenu la mention Très Bien au bac 300 Dinars soit 3.000FF – 450€ (en 1986). Alhamdou lillah, j’ai appliqué le hadith que rien de cette somme ne passe la nuit avec moi. Le Prophète (s) a dit : « Je n’aimerais pas avoir autant que la montagne d’Ouhoud en or et qu’il m’en reste un dinar au bout de trois jours, sauf une somme que je garderais pour rembourser des dettes ; je le donnerais comme ça et comme ça aux serviteurs d’Allah » en faisant des gestes de ses bras de distribution à droite et à gauche. Le prophète (s) considère que s’il reçoit une somme immense et qu’il donne tout en aumône sauf une partie minime qu’il garde, ce serait préférable de ne rien recevoir du tout ; ce serait un bien pour lui uniquement s’il donne tout. Qui est prêt à sauter le mur ?

5 Entrer à Louis le Grand en qamis

Je fus orienté vers la meilleure prépa de France, Lycée Louis le Grand. Je suis entré dès le premier jour en qamis (tunique) et bonnet musulman. Avant que les langues ne se délient, j’eus la meilleure note au premier devoir (18,5) tandis que le meilleur élève du lycée Louis le Grand avait 17, que le meilleur élève du bac S de France avait 11 et tout le reste sous la moyenne, la moitié de la classe avait moins de 5/20. Du coup, personne n’osa jamais dire un mot sur ma pratique religieuse. Quand l’heure d’été passa à l’hiver, j’ai raté une heure du cours de math chaque semaine pour aller à la prière de vendredi. Entrant en classe une heure en retard, le prof s’écria : « Mr Ben Halima ! Où étiez-vous donc ? » Je dis : « Mr, c’est vendredi, j’étais à la prière ». Il se tourna vers la classe et dit : « Il ne faut s’absenter de la classe que pour une raison valable, mais si vous avez une raison valable, il faut avertir à l’avance ». Je lui ai dit que ce serait ainsi pendant 6 mois jusqu’au changement d’heures. Par la grâce d’Allah, nous étions de nombreux maghrébins pratiquants à l’internat et nous avons pris une cuisine pour en faire notre salle de prière.

Quel est l’intérêt d’être en qamis à l’école ? D’abord, on va respecter tout ce que l’Islam demande, au moins en public. Deuxièmement, cela crée mille et une occasions de parler de l’Islam. Troisièmement, tous ceux qui ont envie de péchés m’évitent, à commencer par les gros mots qui s’arrêtent dès que j’arrive et des filles qui ne tournent pas autour de moi. Bien sûr il faut assumer cette identité avec un niveau d’études très fort et un comportement hors du commun.

6 Sortir de l’examen pour la prière de vendredi

Il fut un cours à l’Ensae (l’école de l’INSEE) vendredi de 13h à 16h et je sortais chaque fois pour aller à la prière. L’examen fut aussi de 13h à 16h. Je suis sorti à 14h, j’ai filé pour prendre deux métros, arriver à la mosquée juste à l’iqama, et retourner en flèche pour arriver à 15h. Ils avaient déjà ramassé mes affaires mais je pus continuer l’examen et j’ai eu 12/20 alhamdou lillah. La question qu’on se pose et se repose : faire l’examen ou aller à la prière ? Et si on va à la prière, est-ce qu’Allah arrangera la situation à l’école ? Avec le recul, quel est le résultat ? Alhamdou lillah, il n’y a pas eu de problème à l’école. Mais il faut être suffisamment fort dans les études pour « encaisser » en cas de situations où on a été défavorisé et avoir une bonne relation avec l’administration autrement ils vont saisir l’occasion de se débarrasser de toi. Et la relation avec Allah ? Proportionnellement à ton engagement avec Allah, tu recevras Son aide. Et Allah va ouvrir plusieurs voies devant toi : te donner des bénédictions et des ouvertures inespérées pour que tu saches que ta bonne action agit sur ta vie ; te permettre de faire plus de bonnes actions qui n’étaient pas à ta portée ; t’éviter des péchés que tu allais commettre ; une science divine qui éclaire ta compréhension du Coran et du hadith ; une sagesse qui te permet de faire le lien entre tes actions et les situations de ta vie ainsi que pour les autres ; un compte bonus qui te permet de demander à Allah dans les moments difficiles ; après ce sacrifice, les autres sacrifices deviennent plus faciles et normaux et tu te rapproches chaque fois de l’état des sahabas : « l’or et la terre étaient pareils pour eux » et du prophète (s) : « Dire sobhan Allah wa alhamdou lillah wa la ilaha illa Allah wallahou akbar m’est préférable à ce que le soleil a éclairé ». Donc tu te retrouves à un palier plus élevé dans ta relation avec Allah et dans la spiritualité et un pas de plus dans la vie des sahabas.

7 Sortir 80 jours en tabligh

A la fin de ma première année à l’Ensae, la veille de mon dernier examen, j’ai pris mes affaires et j’ai passé la nuit au centre de tabligh. Le lendemain matin, je suis allé passer mon examen et rentrer au centre pour aller en sortie. J’ai fait ainsi 80 jours de sortie, je suis rentré la veille de la rentrée au soir, pour repartir le lendemain dans ma nouvelle classe. Alhamdou lillah, j’ai passé ainsi 12 ans sans rentrer en Tunisie pour passer tout mon temps dans les activités religieuses, impossibles en Tunisie en ce temps. Moralité : se donner au maximum pour Allah. Mais aussi comprendre que ce qu’on a de plus précieux dans ce monde est notre foi, et faire les actions qui augmentent notre foi passe avant tout. Ton intimité avec Allah, tes douâas acceptés, les promesses d’Allah : « Une fois que Je l’aime, Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, son pied par lequel il marche et sa main par laquelle il frappe, s’il demande alors Je lui donne et s’il demande Ma protection Je le protège », est-ce que cela ne mérite pas de te donner de tout ton coeur, de toutes tes capacités, de tout ton argent et de tout ton temps ? « C’est pour cela que doivent se concurrencer ceux qui veulent dépasser ! »

8 Finir le Coran en 16 ans

Quand j’avais commencé la prière, je ne connaissais que sourate Les Gens. A la première prière que je fis derrière l’imam, j’appris la Fatiha. Je suis resté ainsi quelques jours ne connaissant que la Fatiha et Annas. Un inconnu entra à la mosquée et discuta avec moi. Puis il me demanda de réciter la Fatiha et je récitai. Puis il me demanda de réciter Annas et je récitai. Puis il me demanda de réciter Falaq et je dis : « je ne la connais pas ». Il se fâcha après moi : « Comment tu pries et tu ne connais pas falaq ?! » et me dit : « prends un Coran et apprends ! » Je me mis à apprendre la suivante et la suivante jusqu’à ce qu’au bout de seize années, je finis le Coran. Personne d’autre ne m’avait motivé à apprendre le Coran et je n’ai jamais donné du temps ou parti dans un endroit particulier pour apprendre : c’était dans les temps morts, le plus souvent dans les transports et quand les frères discutaient de choses inutiles, et je révisais dans mes prières. Chacun n’a qu’à voir combien de temps il a perdu et combien d’occasions il a négligées ; additionnez tous ces manques et vous trouvez qu’au lieu de connaître tout le Coran vous connaissez à peine le soixantième. Additionnez les occasions manquées d’apprendre, et tout ce que vous oublié de ce que vous avez appris car vous avez été un auditeur passif et vous avez négligé de noter ou enregistrer ou transmettre car c’est en transmettant constamment que vous n’oubliez plus votre science, et qu’elle se fructifie, donc additionnez cela et vous voyez combien de discours vous pouvez tenir, combien de hadiths, d’histoires, de règles juridiques, d’explications de Coran vous pouvez dire de tête et regardez la science que vous avez comparée au total que vous avez reçu. Allez, ce n’est pas pour vous faire des reproches et vous ridiculiser, mettez-vous à apprendre sérieusement, à ne plus perdre de temps, à noter tout ce que vous apprenez d’intéressant, à répéter partout ce dont vous avez profité et bien sûr à pratiquer autant que vous pouvez et vous allez découvrir in cha Allah des richesses immenses.

9 Sortir 4 mois quand bébé 40 jours

Je suis allé faire mes 4 mois de sortie quand mon premier enfant eut 40 jours, moment difficile pour quitter sa femme. Elle fit une crise et me supplia d’attendre. Je dis : « Je vis pour la religion avant de te connaître, ce n’est pas pour toi que je vais laisser ». Elle accepta, mais pour moi il n’y avait aucune concession possible. Tous ceux qui renoncent aux efforts pour la religion pour régler leurs problèmes d’abord, leurs problèmes ne se règlent jamais. Pourquoi ? Car Satan ne va pas te lâcher pour que tu aides la religion et Allah ne va pas t’aider car tu as trahi la religion : combien de gens attendent d’être sauvés de l’Enfer et toi tu dois régler tes problèmes d’abord ?! Mais tu veux le Paradis sans souffrance dans ce bas monde ? Tu veux l’au-delà et en même temps tu ne veux pas lâcher ce bas monde ? Donc chaque fois que tu as un impératif de ce bas monde, tu lâches l’au-delà et tu t’accroches à ce bas monde, puis tu reprends la religion quand tu peux et comme tu peux. Le résultat est que tu n’auras jamais compris et pratiqué la religion comme les sahabas l’ont pratiquée et comprise. Tu ne pourras pas accéder aux résultats de la religion qu’Allah a promis dans ce monde. Pour l’au-delà, la surprise risque d’être amère. Donc dépêche-toi de passer la religion en premier et fais comme a dit le prophète (s) « Mourez avant de mourir » : agis comme si tu es décédé puis tu as vu l’au-delà puis Allah t’a accordé un délai supplémentaire et indéterminé et te revoici en train de jouer tes arrêts de jeu sans savoir à quel instant l’arbitre va siffler la fin de la partie.

10 Crier à la réunion de Dewsbury

En 1994 cheikh Inaam Alhasan, émir du tabligh depuis 1965, vint en Angleterre et une grande réunion fut organisée qui rassembla 72.000 personnes. La majorité était indopakistanais et nous les arabes recevions la traduction. A la dernière assemblée où cheikh Omar Balanpouri donnait les conseils et cheikh Ahmad Lat traduisait en arabe, il y eut un désordre indescriptible chez les arabes. Qu’Allah ait pitié de nous, quand il y avait un discours traduit en alternance, quand le cheikh parle en pakistanais, les arabes discutent, et quand le traducteur parle en arabe, le silence est total. Dans le dernier discours, la sonorisation était de mauvaise qualité et il y avait des bruits aux alentours ; les gens ont commencé à discuter et on entendait de moins en moins la traduction, jusqu’à ce que plus personne n’écoutait et personne ne pouvait rappeler les gens à l’ordre. Je me suis levé pour interpeller un responsable et tout à coup je vis rouge et je me mis à hurler : « Mes frères ! Quel est ce désordre ?! Concentrez-vous sur le prêche ! » Mais tellement fort que tous les environ 700 personnes présentes se turent complètement et le prêche se poursuivit dans l’ordre et le silence.

La colère aussi est une arme qu’on peut utiliser pour changer le mal à condition qu’on soit strictement dans la vérité et qu’on ne commette aucune exagération.

11 Dénoncer l’école aux autorités

Lors de cette même réunion un jeune de France qui apprenait le Coran dans une école en Angleterre m’a raconté la situation qu’il vivait. Préparez-vous à être choqués. Les écoles coraniques en internat sont presque toujours des lieux d’homosexualité et de pédophilie. Les raisons sont multiples : ce sont les garçons qui ne réussissent pas les études qu’on envoie apprendre le Coran, et souvent les garçons enclins aux bêtises en guise de dernière chance ou des fois même en guise de punition. Il en résulte qu’ils n’ont pas de motivation pour ces études et l’apprentissage se fait souvent à coups de bâton. Par ailleurs ils ne trouvent d’exutoire pour leurs passions et leur adolescence que l’homosexualité et la pédophilie, les plus âgés abusant des plus jeunes. C’est ensuite un système qui s’autonourrit car que faire comme métier avec cette éducation ? Maître coranique bien sûr, et à ce moment-là on se sert directement des enfants et la boucle est bouclée, et le bâton est là pour contrôler les petits. C’est la formation des sorciers : homosexuel, pédophile, violeur, initiateur à cela, priant en janaba – impureté majeure – car n’imaginez pas qu’ils fassent les grandes ablutions après ces actes, tout en apprenant le Coran à longueur de journée, quel excellent entraînement à effacer toute trace de foi, de miséricorde et de bonté de leur coeur pour être un pur et vrai sataniste de surcroit habillé de religion et connaisseur de religion. Tous les responsables connaissent ça mais la loi du silence est le seul moyen pour que ça continue. Je pense comme vous que ça ne sert à rien de produire des hafez – connaisseurs du Coran – dans ces conditions-là, mais ces responsables religieux voient cela comme un sacrifice nécessaire. L’école où ce jeune frère se trouvait était particulière : c’était une nouvelle école et pour la remplir les responsables ont pris les garçons renvoyés de toutes les autres écoles ; or la seule raison de renvoi d’une école coranique est l’homosexualité. Donc ces jeunes gens se sont trouvés en majorité et ont imposé leur loi : ils se mettent à cinq pour initier chaque nouveau en tournante et le rentrer dans le système. Il y avait aussi trois employés de l’école qui se servaient dans les garçons. Ce jeune frère avait averti son père qui lui a dit : « Ne t’occupes pas de ça, finis d’apprendre le Coran puis rentre » ; quelle déception venant d’un grand prédicateur que je connais. J’ai demandé au jeune : « Et les jeunes de France ? » Il me dit : « C’est la même chose ». Les pauvres frères prédicateurs de France sacrifient les études de leurs enfants et veulent en faire des hafez et des savants qui élèveront la religion et la daâwa et changeront l’avenir de l’islam en France ; les pauvres s’ils savaient. Je n’ai aucune compassion pour les responsables qui les poussent à envoyer leurs enfants et leur cachent la réalité : Allah les a bien frappés. Je me suis mis à faire le tour des responsables pour les avertir : tous la même réponse : on ne peut rien faire ; si tu éclates ça, on n’aura plus de hafez ; sauf cheikh Ahmad Lat qui m’a dit : oui, avertissez les parents !

Certains me disent que je critique le tabligh après tout le temps que j’y ai passé et tout ce que j’en ai profité. Ce n’est pas ça du tout. Mais les humains ont des défauts. Et ce phénomène dans les écoles coraniques est universel. En Tunisie depuis toujours l’école de charia est la dernière orientation au bac où vont donc les bacheliers les plus nuls ; rares sont ceux qui y vont par motivation. Même un jeune saoudien m’a dit qu’au bac les meilleurs vont dans les universités scientifiques, les suivants dans les littéraires et les derniers dans les écoles religieuses. Quand on rejoint un groupe, il est assez accessible de devenir comme les autres, mais beaucoup plus difficile de les dépasser ou de changer la situation ; déjà pas facile du tout de prendre conscience des manquements.

On me dit aussi que ça donne une mauvaise image de l’Islam. Je me soucie beaucoup plus de la réalité des musulmans que de leur image, alors tous ceux qui ont un lien avec ce genre d’école n’ont qu’à agir comme ils peuvent. Qu’Allah nous préserve de la politique de l’autruche et de nous résigner devant le mal. Si quelqu’un a une solution autre que la dénonciation et le scandale qu’il n’hésite pas à la mettre en oeuvre, mais moi je vous dis que ces responsables qui cautionnent ces horreurs ne bougeront pas sans un électrochoc mémorable.

Alors qu’ai-je fait ? J’ai contacté les services de protection de l’enfance britanniques. Ils avaient fait un contrôle dans l’école durant lequel les responsables avaient caché les enfants mécontents dont mon jeune ami mais les autorités lui ont laissé une carte et il me l’a remise. J’ai décrit en détail toute la situation. Ils me répondirent : « Pour l’hygiène, la nourriture et les coups, on s’en occupe. Pour les viols et pédophilie, nous transmettons le dossier à un autre service ». Ils envoyèrent un inspecteur recueillir ma déposition à Paris, puis ils firent une descente dans l’école et les choses changèrent me confirma mon ami. Le prophète (s) a dit : « Quiconque voit un mal, qu’il le change par sa main, sinon par sa bouche, sinon par son coeur et telle est la foi la plus faible ».

12 Recette des sahabas

Par la grâce d’Allah j’ai mis deux ans à plein temps à traduire « la Vie des Compagnons » : nuits blanches et journées de travail, j’avais l’impression de vivre avec eux. Si vous voulez vivre leur vie, la condition la plus importante est la renonciation à ce bas monde : ça vous ouvrira la compréhension de toute la religion. Le prophète (s) et les sahabas avaient une approche très particulière de la nourriture. D’abord ils ne mangeaient qu’une fois par jour, mais ça pour moi n’est même pas envisageable. Quand ils mangeaient, c’est un seul plat. Dans le plat, ils n’aiment pas les mélanges. On donna une fois à Abou Bakr (r) du lait avec du miel. Quand il prit le bol pour boire, il éclata en larmes si fort que tous ceux qui l’entouraient se mirent à pleurer. Puis il s’arrêta et ils s’arrêtèrent. Puis il se mit encore une fois à pleurer. Quand il cessa, ils dirent : « Pourquoi tous ces pleurs, chef des croyants ? » Il dit : « J’étais avec le prophète (s) quand je le vis repousser une chose et je ne voyais rien. Je dis : qu’est ceci, Ô Messager d’Allah ? Il dit : « La donya est venue me séduire et je l’ai repoussée. Quand elle est partie, elle dit : si tu m’échappes, ceux après toi ne m’échapperont pas ! » Quand j’ai vu le lait et le miel j’ai cru que la donya m’avait eu ! » Les sahabas demandèrent à Omar (r) d’adoucir son mode de vie et il rappela la vie du prophète (s) et dit : « Et que Omar ne mange jamais deux condiments dans un plat sauf l’huile et le sel ! » Les seuls deux éléments qu’on peut mélanger sont l’huile et le sel. L’huile se mange avec du pain et tu as le droit d’y mettre du sel. Mais tu ne peux pas cuisiner la viande avec de l’huile, ou des légumes avec de l’huile, ou de l’huile avec du cumin, ou de l’huile avec du vinaigre. Le vinaigre se mange seul avec du pain, etc. Il n’y a pas de doute que ce concept est aussi inaccessible pour nous. J’ai décidé de faire ce que je peux. Pain et huile ? Je ne peux pas, je n’aime pas l’huile. Mais avec du vinaigre ça passe. Le prophète (s) mangea une fois du pain avec du vinaigre (car il n’y avait rien d’autre) et disait : « Quel bon condiment le vinaigre ! » Aujourd’hui, mayonnaise, ketchup et moutarde sont des condiments à base de vinaigre, mélangé aux oeufs, à la tomate ou au piment. Donc huile, vinaigre et pain. Je prends le vieux pain durci, je le mets en petits bouts dans un saladier, je l’arrose d’eau pour le ramollir, j’assaisonne d’huile et de vinaigre, je mélange le tout et miam-miam ! Je rompais ainsi mon jeûne un soir de ramadan quand un ami débarqua avec sa famille et son dîner et me dit : « J’allais rompre mon jeûne en famille quand je me suis dit : je vais prendre ma famille et mon dîner et rompre avec Abderraouf ». Je dis : « Bienvenue, allez, bismillah ! » Quand il vit mon plat, il poussa un « Hein ?! » de stupéfaction. Alhamdou lillah, je n’ai jamais senti le besoin d’une nourriture spéciale pour rompre le jeûne.

13 Corriger le cours d’islamologie

En traduisant la Vie des Compagnons, j’ai décidé de passer un diplôme de traducteur et éventuellement d’en faire mon métier. Je me suis donc inscrit en Fac d’arabe, l’Inalco (Institut National de Langues et Civilisations Orientales) qui était juste en face de chez moi. En plus des 70 langues enseignées, on enseigne la civilisation du peuple en question : histoire, géographie et religion. Le cours d’Islamologie est donc obligatoire en première année pour tous ceux qui apprennent une langue d’un pays ou ethnie musulmans. C’était ma première confrontation avec des orientalistes et c’était un massacre en règle de l’Islam.

Par exemple dans le cours des fondements de la jurisprudence (ousoul alfiqh), la professeur explique que les premiers docteurs de la loi comme l’imam Malik se basaient sur trois choses : les lois persanes et romaines, ensuite les coutumes locales et enfin le Coran. Mais plus tard d’autres savants sont venus les contredire avec des hadiths du prophète (s) en disant que ces lois romaines et persanes et ces coutumes locales que vous enseignez sont contraires aux enseignements du prophète. C’est alors que ces premiers docteurs de la loi ont inventé des hadiths pour justifier leur positions et dire : « Non, ce ne sont pas des lois persanes et romaines, mais nous les avons trouvées dans les hadiths ». Depuis ce temps, le hadith a dominé le fiqh.

Il y avait dans le cours beaucoup de musulmans, jeunes bacheliers venant apprendre l’arabe pour se rapprocher de l’Islam, surtout des soeurs voilées qui ne cherchaient pas un avenir professionnel, et pas mal de français et d’adultes qui s’intéressent à l’arabe pour des raisons culturelles ou professionnelles. Ces jeunes beurs étaient scandalisés par les dires de la prof mais n’avaient pas les connaissances solides pour répondre, sans compter qu’elle connaît par coeur la version des musulmans et rejette et humilie quiconque défend la version islamique.

J’étais donc au premier rang, je n’en revenais pas des divagations de la prof, je voyais les français tout avaler et les arabes partagés entre étonnement et révolte ; comment réagir ? J’ai noté toutes les bêtises de la prof et de retour à la maison j’ai rédigé un corrigé du cours en mettant devant chaque aberration la vraie version islamique, puis j’en ai fait 50 photocopies et je suis venu distribuer ça en classe le lendemain quand elle n’était pas à l’université. A partir de là les élèves attendaient chaque semaine le corrigé du cours ce qui m’a permis de travailler avec les frères et soeurs présents comme relais pour distribuer et par la suite d’organiser des cours religieux en marge des études. A la fin de l’année, j’ai saisi tous les corrigés pour en faire un poly et à la rentrée je suis directement allé distribuer aux nouveaux élèves qui peuvent maintenant suivre en live les délires de la prof. Ensuite j’ai contacté des élèves d’autres universités d’arabes pour leur donner le poly à distribuer.

Qu’Allah nous donne la sagesse et la force de changer le mal.

14 Exiger sortie avec conditions légales dans choura

Il y eut une réunion des anciens et responsables du tabligh à Paris qui avait pour objectif de résoudre nos problèmes. Cheikh Younous – qu’Allah le récompense pour avoir été le plus grand moteur de l’islam en France – arriva la veille de Qatar et se mit à dire : « Au Qatar, c’est génial ! Ils ont fait un programme de 4 mois tous les ans ! Ainsi ils arrivent à assurer la permanence au markaz - centre national du tabligh -, l’accompagnement des groupes venant de l’étranger, les groupes de femmes, etc. etc. Il faut qu’on fasse cela nous aussi. Qui est prêt à commencer à s’engager pour quatre mois chaque année ? »

Qatar et France sont quand même des situations différentes. La logique des indopakistanais pour donner beaucoup de temps au tabligh est de structurer leur vie : ils fondent des commerces familiaux et peuvent ainsi s’absenter à tour de rôle ; ils ne travaillent pas chez les non musulmans et ne profitent pas des aides sociales ; ils vivent en familles élargies ce qui fait que l’absence d’un homme ne pénalise pas ; ils ont des madrasas en marge des écoles publiques pour l’éducation de leurs enfants. Mais la logique en France est toute autre : quand la daâwa commença à la fin des années 60, presque personne ne priait chez les immigrés arabes et tout le monde courait après l’argent. Les résultats étaient spectaculaires : les gens revenaient vers la prière et s’organisaient pour établir des mosquées. Le mot d’ordre était alors de travailler un minimum – le travail était en ce temps disponible en abondance - pour donner le maximum de temps à la daâwa. Quand arriva la deuxième génération au milieu des années 80 et que la religion était quasiment inexistante chez les beurs, le même schéma se reproduisit. Mais avec le chômage des années 90, l’islamophobie et l’apparition de nombreuses autres structures islamiques, le revers de la médaille apparut : le travail précaire n’est plus disponible, il n’y a pas d’avenir professionnel pour nous ou nos enfants ni aucune structure éducative : le mouvement est dans l’impasse. Ce procédé est condamné par les principes de l’Islam qui interdit de tricher le chômage en prétendant chercher du travail alors qu’on est en sortie dans la voie d’Allah ; ainsi que par les principes du tabligh qui imposent de respecter les lois du pays. Mais face à une population avec de tels besoins de daâwa, comment passer le plus clair de son temps à travailler au lieu de prêcher ? La réponse qui nous manquait est qu’en travaillant on va organiser la daâwa au travail, dans le quartier et dans sa maison, et que nous devons créer nos entreprises et travailler ensemble ce qui nous permettra de nous libérer à tour de rôle. Malheureusement le contexte économique ne permet plus de créer ses entreprises et de gérer son temps aisément ; nous avons raté cette étape. Quoi qu’il en soit, continuer de profiter du parachute social pour la daâwa ne fait que nous enfoncer dans l’impasse. De plus, en n’utilisant que les chômeurs, le mouvement ne prêche que les chômeurs et n’a aucune implantation dans la société et aucune perspective de structuration de la société musulmane, contrairement à la stratégie indienne. Cheikh Inâam qu’Allah lui fasse miséricorde fut une fois informé que tous ces résultats en France sont largement basés sur le chômage et il en pleura beaucoup ; mais afficher et assumer cette réalité en France causerait un recul brutal de la daâwa, et ces gens ne trouveront pas forcément du travail, et seul Allah sait comment les choses se réorganiseront après. Donc personne ne voulait en parler ni en entendre parler.

Donc face à ces encouragements passionnés de cheikh Younous, j’ai demandé la parole, je me suis levé et j’ai expliqué qu’on peut donner quatre mois par an à condition que ce soit dans le respect de l’islam, des principes du tabligh et de la loi du pays et non en fraudant le chômage. La glace tomba sur l’assemblée et personne ne prononça un mot pendant 4 ou cinq longues minutes, puis cheikh Wissam dit : « Point suivant ? » et on passa à autre chose. Je ne dirais pas qu’il est impossible de mettre à plat les problèmes pour en discuter sereinement ou de dire à un cheikh qu’il a tort, mais le concept était trop éloigné de la réalité et ce virage à 180° avait besoin de temps pour faire son chemin dans les esprits. Un bon coup de pied dans la fourmilière et voilà le débat lancé chez tout le monde : qu’Allah nous éclaire et nous guide vers la vérité. Retenez la force de la vérité : nous qui expliquons aux gens comment Moussa, paix sur lui, alla prêcher Pharaon, serions-nous incapables de dire la vérité à nos dirigeants religieux ? Si c’est le cas, notre mouvement n’a aucun avenir et qu’attendre de gens incapables de défendre la vérité ?

15 Manger à la poubelle au Bourget

J’exposais mes livres à l’exposition du Bourget quand des élèves et amis arrivèrent. C’était l’heure du repas et je les ai invités. Ils s’empressèrent d’accepter, mais quelle ne fut leur surprise. Il y a un grand espace réservé à la restauration constituée essentiellement de sandwichs. J’ai pris mes deux amis, nous encerclâmes une poubelle au milieu de la foule et nous nous mîmes à en tirer toutes sortes de bouts de sandwichs délicieux et de frites assaisonnées de sauces variées. Quand la poubelle eut fini de livrer ses trésors, nous passâmes à la suivante jusqu’à être rassasiés par la grâce d’Allah aussi bien de nourriture que d’humilité. « Les gaspilleurs sont les frères des diables », rappelez-vous-en. « Ton pire ennemi est ta nafs qui est entre tes côtes », ne l’oubliez pas.

16 Partir en Afrique quand bébé de 10 jours est malade

C’était mon premier voyage en Afrique dans le cadre de la roqya – vente de livres – conférences. Mon fils qui venait de naître était gravement malade et ma femme me suppliait de rester. « Je ne suis pas médecin, je ne pourrai servir que de chauffeur » dis-je, et je partis. Ce fut une très grande ouverture. En trois semaines au Niger, il y eut 14 conférences enregistrées, une quinzaine de raqis formés, 5 émissions à la radio, un stage de psychothérapie, plus la vente des livres et les rencontres avec les responsables islamiques ; j’écrivis trois livres suite à cette visite. Puis en une semaine au Burkina un noyau fut installé. Quant au bébé, il guérit et c’est tout. Toute avancée dans l’Islam ne peut se faire qu’au prix de sacrifices et de souffrances, donc si vous voyez les épreuves venir quand vous faites les efforts pour la religion, appliquez : « Et quand les croyants virent les coalisés, ils dirent voilà ce qu’Allah et Son Messager nous ont promis ; Allah et son Messager ont dit vrai. Et cela ne fit qu’augmenter leur foi et leur soumission ». Vous pensez qu’en faisant confiance à Allah vous allez être perdants ? Et à qui alors faites-vous confiance ? Ou bien vous voulez aider la religion sans prendre de risque ? Hélas ça ne marche pas. Ou vous préférez que d’autres s’en occupent car vous ne supportez pas de déstabiliser votre vie ? Qui a dit : « Nos familles et nos biens nous ont occupés, prie Allah de nous pardonner » ?

17 Paris-Abidjan en voiture

Beau voyage en solo, 15.000 kms de traversée et d’aventures. Dont un beau 700 km Safi – Guilmime en une nuit. Parmi les incidents : je roulais à 80 dans une route montagneuse pleine de tournants limitée à 30. A un virage, je me retrouve derrière un camion qui roule si lentement qu’il est quasiment arrêté. Tout en freinant à mort, je me déporte à gauche pour le dépasser. Me voici en face d’un autre camion venant en sens contraire. Je reviens sur le camion devant moi et je calcule : si je le frappe vers le phare droit, j’explose mon radiateur ; si je le frappe côté gauche c’est sur la batterie, et je le frappe côté gauche : phare cassé et capot tordu, mais tout roule dans la voiture. Je m’en vais donc doucement à la prochaine ville pour retaper la carrosserie et remplacer le phare. Moralité : toujours garder son sang-froid et faire le calcul optimal en toute situation. Autre incident : arrivé à la frontière mauritanienne, je fus refoulé car je n’avais pas de visa et « les américains sont les ennemis de l’islam ! » alors qu’aux autres touristes, ils firent le visa à la frontière. Je suis donc retourné, mais j’avais un trou dans le conduit d’essence, je me suis perdu dans le désert entre les deux frontières et je me suis ensablé. Quelle nuit à prier dans le désert et à penser à Hajar, paix sur elle et son fils ! On a besoin de moments où on est seul avec Allah et c’est dans de telles situations que tu sais si ta foi sert à quelque chose. Alhamdou lillah, au matin, j’ai pu retrouver la route en suivant les traces de mes pneus, j’ai pu me désensabler avec un grand coup de volant et le fond d’essence m’a permis de rejoindre la route où le premier camion m’a vendu un peu d’essence pour partir. Il me restait à remonter 1700 kms jusqu’à la capitale Rabat pour faire le visa. Il y avait 4 français venus vendre leur voiture à la frontière mauritanienne et je les ai remontés jusqu’à leur centre de vacances à Agadir : 1200 kms en une nuit, essence et nourriture payées. Mais c’était sans compter sur le groupe des taxistes à la frontière qui refusaient que je leur prenne leurs clients. Ils bloquèrent la voiture mais il n’y avait pas besoin d’être Einstein pour les rouler.

Après avoir déposé les français j’ai fait le taxi durant le reste du voyage car il m’était difficile de financer ce détour imprévu. Les gens me disent toujours : ne prends pas les autostoppeurs la nuit et autres précautions : je n’en tiens jamais compte et je n’ai eu que de bonnes rencontres avec tous mes autostoppeurs. Des policiers à un barrage m’ont dit que je n’avais pas le droit de faire le taxi ; je leur ai dit : « Je suis remonté jusqu’à Rabat pour faire le visa et revenir, comment voulez-vous que je paie cela ? Vous voulez que je meure de soif et de panne d’essence dans le désert ? Ça leur fait du bien que je les prenne et ça me fait du bien qu’ils me payent, est-ce que c’est interdit de faire le bien au Maroc ? »

18 Captage des djinns des féticheurs à la radio nationale

Nous avons plein d’aventures avec les djinns. Il y eut en Côte d’Ivoire une tournée de prêche des féticheurs et de nombreux féticheurs se sont convertis à l’Islam. La tournée se termina à Abidjan et il y eut une cérémonie à la grande mosquée avec les témoignages des féticheurs et à la fin les fétiches furent brûlés. Nous sommes alors allés à la radio nationale pour une émission sur la roqya et nous avons capté les djinns des fétiches. Je leur ai demandé : quelle est votre relation avec les fétiches ?

- Nous sommes les totems des fétiches, dirent-ils.

- Les totems des fétiches ?! Mais qu’est-ce que ça veut dire les totems des fétiches ?

- C’est nous que les gens adorent, c’est nous la vérité derrière les fétiches, sinon les fétiches ne peuvent rien faire par eux-mêmes. C’est nous qui réclamons aux gens les sacrifices et qui leur donnons ce qu’ils veulent !

- Ah oui ? Et quel genre de services pouvez-vous rendre au gens ?

- Si tu veux être riche, milliardaire, tu nous amènes ton bébé, ton petit garçon qui vient de naître, et nous allons le piler, piler, piler et y ajouter des produits pour en faire du savon et tu vas te laver avec ça. Et nous, nous resterons avec toi pour te rendre riche et te protéger. Voulez-vous qu’on vous dise qui parmi ces richards et ces ministres que vous voyez nous ont remis leurs enfants pour atteindre leurs positions ?

- Non, pas besoin de donner les noms, surtout à la radio. Mais à quoi vous servent les sacrifices et le sang que les gens vous donnent ?

- Ça nous donne la force, on se nourrit avec ça.

- Et quelle est votre relation avec Iblis ?

- Mais c’est notre maître ! C’est pour lui que nous travaillons ! C’est lui qui nous récompense pour lui ramener des gens et qui nous donne la force.

- Très bien, merci pour toutes ces informations. Maintenant est-ce que vous acceptez d’être musulmans ?

- Ah, on le savait que tu allais en arriver là ! - Très bien » et j’ai récité des versets et ils se sont convertis.

Alhamdou lillah qui nous a donné le moyen de dominer n’importe quel djinn et de vaincre n’importe quel sorcier ou sataniste. Le captage a sonné le glas du règne des sorciers et satanistes.

19 Captage télé Bénin

Les captages spectaculaires sont innombrables. Citons ce captage en direct à la télévision béninoise à l’émission : au-delà du réel. Après avoir présenté la roqya nous avons fait le captage en direct sur le plateau. Le frère capteur a un captage impressionnant et les djinns se mirent à dire furieusement : on va te tuer ! Et l’animateur et les techniciens étaient terrorisés. Je lus le verset de la lumière et les djinns se mirent à dire : « Mais qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que c’est que ça ? On brûle ! ACHHADOU AN LA ILAHA ILLA ALLAH WA ACHHADOU ANNAMOUHAMMADAN RASOUL ALLAH ! Aah, c’est quoi cette lumière ? » Puis ils sont partis et le studio retrouva son calme. L’animateur reprit ses esprits et dit : « Mais qu’est-ce qui prouve que ce que vous faites est vrai, que ce n’est pas une mise en scène ? » Je dis : « Nous ne cherchons pas à convaincre qui que ce soit. Il y a beaucoup de gens qui souffrent et qui cherchent des solutions. Nous leur disons : si vous venez chez nous nous allons vous soigner in cha Allah et nous allons enlever vos djinns devant vous de cette façon. Mais si vous voulez une preuve, on peut par exemple ramener les djinns de chez vous et leur demander ce qu’il y a dans votre maison. Moi, je ne vous connais pas et je ne sais pas ce qui se passe chez vous ». Les gens appelaient en direct dans l’émission et demandaient que je demande aux djinns ce qu’il y avait chez lui. Il occulta la question et après l’émission me dit : « Ça va pas non ? Je rentre pas dans ça ! » Ce weekend-là nous eûmes 370 patients par la grâce d’Allah. Le lendemain matin, nous eûmes une attaque des sorciers : les djinns attaquent, perturbent les capteurs et possèdent les patients vulnérables. Par la grâce d’Allah nous les maîtrisons assez aisément et nous les renvoyons tous combattre les sorciers, d’où la politique de provocation : on annonce à la télé et la radio que nous sommes venus dans ce pays pour mettre un terme à la sorcellerie ; les sorciers s’énervent et nous envoient toutes sortes de sorcelleries et de djinns ; nous les ramassons, convertissons, armons et renvoyons combattre les sorciers ; au bout de quelques rounds ils sont tous neutralisés par la grâce d’Allah.

20 Visiter les sorciers et réunion des sorciers à Dougoun Doutchi

Ceci nous a amenés à l’étape suivante : visiter les sorciers, et les chefs sorciers les plus célèbres, une visite de courtoisie pour nous présenter à eux et leur présenter notre travail et le captage. Avant qu’il n’ait le temps de comprendre ce qui se passe, on commence le captage. Ses djinns viennent et on leur demande : « Qu’est-ce que vous faites avec lui ?

- On travaille pour lui, disent-ils.

- Et vous faites quoi au juste ?

- On rend les gens fous, on sépare les couples, on bloque leurs vies, et il y en a qu’on rend riches ou qu’on fait arriver au pouvoir.

- Aah, c’est très intéressant. Et qu’est-ce que vous avez en échange ?

- En échange, il nous égorge des poules et des moutons et il nous fait des rituels.

- Ok, et qu’est-ce que vous lui prenez encore ?

- Non, ça c’est un secret.

- Mais nous voulons le secret », et je récite : « Le jour où les secrets seront divulgués ».

- « On prend sa santé et ses enfants ». Hé oui, le sorcier est le plus grand perdant dans l’affaire. Puis nous les convertissons et nous les laissons le combattre, et nous lui expliquons ce qu’ils ont dit et nous partons. Des fois je lui donne un petit billet « pour la visite » histoire de bien me marrer. Ensuite il s’énerve et nous envoie tous les djinns et sorcellerie qu’il peut. Hop ! On ramasse tout et on les renvoie le combattre par la grâce d’Allah, mais ça peut nous causer certains problèmes comme un accident ou un vol. Puis il appelle tous ses amis sorciers : « Au secours ! Ce blanc est venu gâter tout mon travail ! » Ils vont aussi envoyer tout ce qu’ils peuvent et on va ramasser, convertir et renvoyer contre eux jusqu’à ce qu’au bout de quelques jours toute la sorcellerie est neutralisée dans la zone par la grâce d’Allah.

Etes-vous en train de vous dire qu’Abderraouf est en plein délire ? Pouvez-vous imaginer que la sorcellerie soit éliminée d’un pays en un seul jour ? C’est pourtant ce qui s’est passé en Egypte avec Moussa alayhi salam et les sorciers : Pharaon a réuni les sorciers les plus célèbres de tout le pays, ils se convertirent et moururent martyrs. La sorcellerie n’est pas complètement éliminée mais grandement diminuée.

Pensez-vous que ce soit réservé au prophète Moussa paix sur lui ? Et pourquoi est-ce qu’Allah nous le raconte si ce n’est pour le prendre en exemple ? Et voici maintenant l’exemple des sahabas (r). Quand les musulmans conquirent l’Egypte, à un moment les autochtones vinrent voir Amr Ibn Alaas (r) et lui dirent : « Notre Nil a une coutume sans laquelle il ne coule pas ». « Quelle est-elle ? » demanda Amr. Ils dirent : « A cette période de l’année, nous cherchons une fille vierge qui a ses deux parents, nous leur donnons des richesses jusqu’à ce qu’ils acceptent de la sacrifier de bon coeur. Puis nous la préparons et l’habillons comme une mariée et nous la jetons dans le fleuve ». Amr dit : « Ceci ne peut pas se faire en Islam ». Ils restèrent ainsi et le Nil ne faisait que diminuer jusqu’à ce que les gens veuillent fuir le pays. Amr écrivit alors au calife Omar Ibn Alkhattab (r) à Médine pour lui expliquer la situation. Omar lui écrivit : « Tu as bien fait de refuser car cette tradition ne peut pas exister avec l’Islam. Quand tu recevras ma lettre, jette le mot qui est avec dans le Nil ». Amr regarda le papier et il contenait : « Au nom d’Allah Tout Miséricordieux Très Miséricordieux. De Omar Ibn Alkhattab au Nil d’Egypte. Si tu coules par toi-même, ne coule plus. Et si tu coules par l’ordre d’Allah, coule par l’ordre d’Allah ! » Amr jeta le papier dans le fleuve et le lendemain il avait monté de huit mètres et cette coutume fut ainsi abolie en Egypte.

Il a fallu que j’aille dans les tournées en Afrique pour comprendre ce phénomène : il n’y a pas un fleuve ni une forêt ni une montagne ni une plage où les gens ne font pas les sacrifices. Les djinns bloquent leurs affaires et exigent des sacrifices ; il y a un intermédiaire, prêtre ou sorcier, qui s’exprime en leur nom et dirige les rituels. C’est ainsi que le fétichisme n’a cessé de suivre l’humanité. Nous sommes arrivés à un barrage en Côte d’Ivoire qui était presque à sec et nous avons ramené les djinns : ils ont dit que les pêcheurs se sont fait des sorcelleries et les djinns se sont retirés et ont pris l’eau et les poissons. Nous avons alors demandé à Allah de ramener les djinns du Nil du temps de Amr et nous leur avons demandé ce qui s’est passé quand le papier fut jeté dans le Nil. Ils dirent : « Quand le papier toucha l’eau, nous nous sommes tous convertis ! » Donc les sahabas (r) partout où ils allaient anéantissaient le chirk. Rassurez-vous, le barrage en Côte d’Ivoire retrouva son eau et ses poissons et le marché aux poissons rouvrit trois jours après.

Parmi les aventures que nous avons vécues fut la réunion des sorciers à Dougoun Doutchi au Niger. C’est la ville la plus réputée pour la sorcellerie et les gens viennent de loin pour demander leurs services, du beau monde aussi. Les sorciers – comme presque partout en Afrique – étaient organisés en association, et nous cherchons chaque fois le chef. Il y avait deux chefs et nous sommes allés voir l’un d’eux, on a capté, on lui a montré que son travail ne lui faisait que du mal. Le pauvre était muezzin, mais quand il s’est mis à la sorcellerie, les djinns ont exigé qu’il arrête la prière et il s’est soumis à leur volonté. Nous l’avons motivé à revenir dans l’Islam et il semblait accepter. Deux jours plus tard, nous avons visité le second chef. Quand on a fait le captage chez lui, les djinns ont dit que le premier chef est venu se plaindre à lui qu’on avait détruit son travail et ils avaient décidé de réunir plusieurs sorciers pour s’occuper de nous. Le deuxième chef nous confirma cela et ils avaient en fait une réunion annuelle des sorciers après un jour ou deux. Nous demandâmes la permission d’assister et ils acceptèrent. Allahou akbar ! Toute ma vie j’avais lu l’histoire de Moussa, paix sur lui, avec les sorciers et maintenant j’avais l’occasion de la vivre pour de vrai ! Nous nous sommes préparés en captant encore et encore pour eux et nous sommes partis en groupe et caméra à la main. C’est une réunion en pleine nature sous un grand arbre. Ils dansaient et tambourinaient. Hélas la femme du premier sorcier est venue toute furieuse et nous a interdit d’assister. Nous sommes restés à côté et nous avons capté : les djinns nous ont dit qu’ils n’avaient rien du tout car tous leurs djinns s’étaient convertis, mais pour ne pas reconnaître leur défaite, ils tambourinaient dans le vide. Quand nous fûmes partis, une pluie torrentielle s’abattit et tout le monde partit. Quand on raconte aux gens qu’on a affronté les sorciers de Dougoun Doutchi, ils ont beaucoup de mal à y croire.

21 Crier sur le commissaire à Abuja

Nous faisions campagne au Nigéria quand il y eut des affrontements avec le Boco Haram. Nous étions alors à la capitale Abuja dans une mosquée sur un terrain militaire, et les militaires vinrent nous chasser sur demande des voisins chrétiens. Nous nous retrouvâmes dans un lycée (en période de vacances) et c’est là que la police vint nous chercher. En prétextant un contrôle, ils emmenèrent toute l’équipe au commissariat central. Je vous rappelle que le Nigéria est un état fédéral de 160 millions d’habitants : chaque gouverneur est comme un président avec son parlement et son gouvernement. Le pays est plongé dans la corruption, le pouvoir est entre les mains des chrétiens et les abus de pouvoir sont une chose normale. Ils n’avaient rien à nous reprocher mais voulaient bloquer notre travail en nous gardant pour soi-disant enquêter. La loi leur permettait de nous garder 24h mais ils ont dépassé trois jours. Ils nous ont installés dans la mosquée du commissariat central pour ne pas nous mettre en prison ni nous libérer. Nous avons donc reçu nos patients dans ladite mosquée et l’avons transformée en centre de roqya. Quand le va-et-vient devint important, ils nous demandèrent de trouver un autre endroit pour traiter les gens. En même temps un patient nous proposa sa maison et nous y allâmes. Pendant tout ce temps, les policiers nous faisaient attendre : dans une heure, cet après-midi, demain à la première heure, et nous donnaient des raisons débiles de nous garder. Le troisième jour, quand finalement ils nous dirent d’attendre encore demain, je décidai de passer la nuit dans la salle d’attente du commissaire pour en découdre. Notre tuteur sur place arriva et insista pour me dissuader, de même qu’un agent du commissariat qui nous soutenait depuis le début, personne ne pouvait imaginer qu’on affronte les autorités mais j’étais déterminé. Je ne supportais plus d’être mené en bateau et d’être bloqué avec mon équipe. C’est le moment de dire « STOP ! » et de demander à Allah d’intervenir. L’heure de vérité : tu vas voir ce que tu vaux chez Allah et si tout ce que tu as fait dans ta vie de musulman t’a fait un crédit-douâa. J’ai passé la nuit à prier : « Seigneur donne-leur un châtiment double et maudis-les d’une grande malédiction », car c’était une guerre contre l’Islam. Le matin, les policiers ont commencé à arriver. Le commissaire aussi arriva et entra dans son bureau. Puis deux ou trois hauts-gradés arrivèrent et toute l’équipe se mettait au garde-à-vue. J’en ai profité pour les aborder : « Cet homme nous garde ici depuis trois jours illégalement. Pouvez-vous faire quelque chose pour nous ? » Juste histoire de secouer la fourmilière car les décisions se prenaient en haut lieu et nous avions aussi des grosses pointures qui intervenaient pour nous. Puis le commissaire est sorti de son bureau et pendant qu’il parlait à son second, j’ai éclaté et j’ai hurlé : « Mr T. O. ! Vous nous gardez ici illégalement depuis trois jours ! Ceci est un abus de pouvoir ! Laissez-nous partir ! » Il sursauta et trembla puis entra dans son bureau. Puis il envoya le policier musulman qui nous soutenait me chercher. Dans son bureau, il fit une tête de victime désespérée et me dit d’une voix plaintive : « Vous êtes un homme de Dieu… Je ne peux pas me battre contre un homme de Dieu… Voici vos passeports… Vous pouvez partir… » J’avais envie de l’écraser comme un ver de terre. On ne se l’est pas fait répéter deux fois : nos passeports, nos affaires et en route.

22 Aller au Cameroun sans visa

La méfiance de l’Islam crée des refus de visas abusifs et sans recours possible. Ainsi au Nigeria, nous nous sommes vus refuser le visa du Cameroun. Qu’importe, nous sommes allés car la campagne était trop importante. Nous sommes partis en bateau, descendre des fleuves immenses : nous sommes sur l’équateur en pleines forêts tropicales, puis un bout de mer assez agitée qui m’a fait vomir mes entrailles pour arriver finalement à un port à 160 km de Yaoundé. La police aux frontières nous arrêta. J’étais avec deux frères, une soeur et un jeune. Ils mirent les deux frères en prison : une pièce comme une cabine d’essayage. Alhamdou lillah, ils firent la sounna de Youssef, paix sur lui. Puis ils commencèrent les négociations : un joue le méchant et l’autre joue la gentille et nous conseille de le supplier de nous laisser passer en lui donnant de l’argent. Notre hôte à Yaoundé dont nous avions l’invitation est intervenu pour faire valoir que nous avions droit au visa et nous payâmes un laisser-passer pour aller faire les visas à la capitale. Que d’arnaques avec le bateau, les porteurs et le taxi. Il fallait une sacrée audace pour défier les autorités dans des zones où il n’y a ni foi ni loi, ni pitié ni droits de l’homme et celui qui porte une arme est tout-puissant.

23 Policier San Pedro

En campagne à San Pedro en Côte d’Ivoire, un policier m’arrête à un rond-point. Les policiers sont là toute la journée, avec quelques-uns en tenues bizarres, certainement des petits frères pour donner un coup de main, à racketter les automobilistes sous prétexte de manquements divers. En ce qui me concerne il prétendit m’arrêter pour non port de la ceinture. Je dis : « Mais je n’ai vu personne dans cette ville porter la ceinture ». En inspectant les papiers du véhicule, il s’aperçoit qu’il n’est pas à mon nom et me demande une autorisation du propriétaire, or l’autorisation n’est requise que pour quitter le territoire. Il me conduisit au boss qui me cita mes infractions et ce que je risquais : « Il faut que le propriétaire vienne récupérer les papiers dans les 48h sinon ce sera autre chose ! » Je ne faisais que dire : « Oui, d’accord ». Il me remplit un procès-verbal mentionnant mon état civil, militaire et juridique. Tout ce cinéma pour que je le supplie de me laisser partir en échange de 2000F CFA = 3€. Ainsi procèdent ces charognards : ils ne demandent pas l’argent, ils vous laissent les supplier de l’accepter. Alors ils vous épargnent la stricte application de la loi et par pitié pour vous vous laissent partir à bon compte. Mais s’il y a des vrais bandits armés, ce sont les plus trouillards que la terre ait porté. Pour cela les écoles de police et gendarmerie sont extrêmement convoitées et on paye des millions pour y entrer, puisqu’ensuite tu peux te servir dans la population comme tu veux. Il prit tous mes papiers : véhicule, permis, passeport et me laissa partir avec la voiture. Il était hors de question que je fasse venir la vieille dame qui nous avait prêté le véhicule et qui habitait à 6 h de route de là. Nous avons capté et j’ai passé une partie de la nuit en prière de malédiction. Le matin, le policier nous a appelés en panique pour qu’on aille récupérer les papiers. Son supérieur a lu son PV et l’a blâmé pour ce qu’il avait fait. On ne s’est même pas déplacés, on a envoyé quelqu’un récupérer les papiers et le check point a disparu. Le douâa le plus accepté en Islam est l’invocation de l’opprimé. Quand un de ces affreux corrompus s’en prend à vous, c’est l’occasion de le briser : priez Allah toute la nuit de le maudire et le détruire et n’ayez aucune pitié. Ce sont ces gens qui causent la ruine du pays et la corruption de la société et leur destruction soulagera la population et ouvrira la voie aux honnêtes gens pour avancer ; de plus ça pourra être une cause de leur repentir. Mais est-ce que le douâa marchera ? Pour qu’il marche, il y a une formule très simple : donnez toute votre vie à Allah.

24 Visite de l’armée à Labbé

Bienvenue en Guinée Conakry où le deuxième tour des élections présidentielles oppose Séllou Dallen Diallo à Alpha Condé, peul contre Malinké, avec tensions ethniques et accusations de corruption. Dans ce climat tendu nous sommes dans la ville de Labbé, fief de Séllou Dallen Diallo. Après plusieurs visites de courtoisie aux diverses autorités de la ville, je me suis aperçu qu’on n’avait pas visité les militaires. Or les militaires sont à majorité Malinké et ils ont reçu des renforts en cas d’émeutes si le résultat était contesté. Du point de vue des Peuls, ils se préparaient à massacrer la population après avoir truqué les élections. Le responsable dit : « Visiter les militaires ?! Mais ce n’est pas possible ! Eux qui veulent nous anéantir et nous allons les voir ?! » « On y va », je dis. Le camp militaire n’était pas fermé et commençait par des maisons avec des femmes et du bétail. Nous avons traversé par les habitations et nous nous sommes retrouvés à l’intérieur du camp sous les regards des militaires. Je suis allé vers la porte gardée pour demander si nous pouvions voir le responsable. Le gardien me parla avec colère : « Mais vous ne pouvez pas rentrer comme ça dans le camp ! Il faut sortir d’abord puis faire une demande écrite et attendre qu’on vous réponde ! » Sur ce le colonel arriva à la tête d’une colonne de véhicules pleins de militaires. Il envoya m’appeler. Il m’avait entendu à la radio nationale et m’avait reconnu. Il me demanda de faire le captage et tous les militaires nous ont entourés. Il y avait les djinns des sorcelleries diverses et les djinns des anti-balles : des gris-gris supposés protéger contre les balles. Nous avons demandé aux djinns : « Et vous protégez vraiment des balles ? » Ils dirent : « Jamais ! Nous-mêmes on a peur des balles ! » « Mais alors qu’est-ce que vous faites ? » « Ceux qui enlèvent les gri-gris, on les fait mourir » en les jetant dans les trajectoires des balles. Quelle arnaque ! Ils payent très cher des protections, vendent leur âme au diable et portent des gris-gris qui ne font rien, mais s’ils les enlèvent les djinns les poussent dans la mort. J’en ai profité pour faire un petit discours pour leur expliquer les aveux des djinns et qu’on n’est jamais gagnant avec la sorcellerie. Puis le colonel nous a remerciés et nous sommes partis. Mon responsable sur place avait le souffle coupé.

25 Captage Timbi Medina

Pas loin de Labbé nous sommes allés faire une conférence à la ville de Timbi Medina. C’était en plein air et il y avait environ 400 personnes, dont les représentants des diverses autorités sur la tribune à ma droite et les imams au premier rang. J’ai exposé nos méthodes et les objectifs de notre campagne, puis j’ai demandé à tous les présents de faire la chaîne et nous avons capté pour tous. Le premier djinn qui arriva dit : « Je veux que tu me tues !

- Mais pourquoi ? Dis-je.

- Tu as détruit tout notre travail, tu as dit à ces gens de ne plus nous faire d’offrandes, qu’est-ce qu’on va manger maintenant ?

- Ah d’accord, je comprends. Quelle est ta relation avec Iblis ?

- Moi, je ne l’ai jamais rencontré, mais il y a un ifrit qui vient de temps en temps et qui dit qu’il est apparenté à Iblis et nous lui remettons la liste ». Les diables (chayatin) sont la descendance d’Iblis, et quand ils se reproduisent avec une djinniya ça donne des ifrits. Donc les ifrit sont bien des descendants d’Iblis, mais par contre « la liste » je n’en avais jamais entendu parler. J’ai dit : - « Mais quelle liste ?

- La liste des gens que nous avons gagnés : ceux qui nous font des sacrifices, qui invoquent nos noms et qui portent nos talismans.

- Et qu’est-ce qu’il fait avec la liste ?

- Je ne sais pas.

- D’accord, on va l’appeler et on va voir ça avec lui ». Ne vous trompez pas : quand on fait le captage on « n’appelle pas » les djinns : « s’il te plaît, viens », mais on demande à Allah de les ramener. Nous avons demandé à Allah de le ramener et je lui dis :

- « Bonjour. Il y a ton petit-là qui nous a parlé de toi et il a dit qu’il te remet la liste. On voudrait savoir ce que tu en fais.

- Je la remets à Iblis.

- Ah ! Et qu’est-ce qui se passe ensuite ?

- Ensuite il me félicite de mon bon travail ». Le prophète (s) a effectivement informé que les démons se réunissent tous les soirs avec Iblis pour faire le compte-rendu de leurs réalisations et celui qui aura réalisé l’oeuvre la plus satanique sera coiffé de la couronne et recevra les honneurs cette nuit-là : le top 50. Mais nous ne savions pas que c’était sous forme de listes, d’ailleurs on ne sait pas sur quel genre de support est cette liste que l’ifrit reçoit. Je dis :

- « Mais que représente cette liste ?

- C’est la liste de ceux qui ont quitté l’Islam pour entrer dans la religion d’Iblis.

- Et ensuite qu’est-ce qui se passe ?

- Ensuite, nous allons tous au Paradis avec Iblis.

- Ah bon ?!

- Oui, c’est Iblis qui nous l’a promis.

- Ah bon ?!

- Oui, même qu’il nous a dit que c’est Allah qui le lui a dit ! » J’ai récité : « Satan est votre ennemi, prenez-le comme ennemi, car il appelle ses partisans à être des gens de l’Enfer » et il dit :

- « Non, ce n’est pas possible !

- Mais qu’est-ce que tu as vu ?

- J’ai vu Iblis en enfer et il nous appelle à venir en Enfer ! » J’ai récité une deuxième fois et il dit la chahada. Quand la conférence et démonstration de captage furent finies, un responsable de la mairie se leva en colère et parla aux imams : « Mais dites quelque chose ! Vous êtes nos imams et nos oustaz et c’est vous qui nous donnez ces gris-gris et ces protections ! Et maintenant on apprend que tout ça nous mène en Enfer ! Dites quelque chose ! » Aucun n’ouvrit la bouche. En quittant la ville en voiture, le traducteur qui était un des hauts responsables sunnites (salafites) dans le pays me dit : « Il n’existe pas une façon plus efficace de changer le mal ! Si je pouvais, je laisserais ma madrasa et je viendrais avec vous tout le temps ! »

Si vous êtes ennemi de Satan, bienvenue dans le combat. Depuis que nous avons découvert le concours de la couronne, on en a fait des choses, qu’Allah accepte.

26 Visite des prostituées de la maison blanche

Bienvenue à Madagascar. Je n’ai pas vu un endroit où il y a autant de chirk et de débauche. Relisez les trois rapports Madagascar pour avoir les détails, je vous dis juste qu’une prostituée coûte 18c d’euros, soit 120 F CFA, moins qu’une petite bouteille de coca. Nous étions à la ville la plus débauchée que j’ai vue à Madagascar, et notre centre de roqya était à 200m d’un bordel surnommé « la maison blanche » car c’était une maison blanche. J’ai dit aux frères : « On va aller capter au bordel ». Stupéfaction générale et nous sommes partis. Arrivés sur place, nous demandâmes le maître des lieux. Notre tâche fut facilitée car le patron était un fidèle de la mosquée qui avait fait sobh avec nous. Lui et son épouse s’empressèrent de réunir les filles : c’était 11h du matin, en dehors des heures de travail. Une vingtaine de ces jeunes dames se réunirent et nous avons fait le captage. Les djinns dirent que les filles étaient ensorcelées ce qui les empêchait de réussir quoi que ce soit dans la vie, qu’à chaque rapport 100 diables copulaient avec elles pour les rendre plus impures, que les chayatin leur font gaspiller leur argent en habits et cosmétiques pour qu’elles n’aient jamais rien. Après le captage nous leur avons traduit et je leur fis un rappel – les yeux fermés. Quand je finis, elles étaient assises et ne bougeaient pas. Je dis : « Si vous voulez, on va vous envoyer chaque jour quelqu’un vous parler de la religion ». Elles dirent : « Oui, on veut, personne n’est jamais venu nous parler ! » Et vous, combien de fois avez-vous critiqué les prostituées dans votre vie, combien de fois les avez-vous prêchées au repentir et combien de fois avez-vous prié pour elles ? Depuis cette expérience, on cherche les prostituées partout où on va, on capte pour elles et leurs clients et on leur propose le traitement gratuit. Plusieurs sont venues se soigner et certaines se sont repenties et converties à l’Islam. D’autres ont perdu leurs clients après le captage et d’autres ont été attrapées par la police. Qu’Allah les guide.

27 Voyage à Mayotte avec 2€30

La campagne à Madagascar nous a laissés sur la paille. Les consultations étaient à 50.000 ariari = 18€, mais la plupart des gens nous donnaient 5.000 ou 10.000. Ça nous suffisait pour faire la campagne et nos frais quotidiens, mais quand il fallut des billets d’avion pour partir on a dû emprunter. Je suis donc parti pour Mayotte avec 2€30 en poche. Hélas, il y avait une erreur dans le billet et l’avion me déposa aux Comores, sans argent et sans visa. C’est le moment de prier Allah. La procédure légale était de me renvoyer à Madagascar d’où je venais et c’était pour moi la pire solution. Une douanière fut gentille avec moi et j’ai pu appeler le frère qui me recevait à Mayotte et il est parti en toute vitesse me prendre un billet pour le prochain avion pour Mayotte. Mon nom apparut sur l’ordinateur après l’enregistrement de tous les passagers et peu avant la fermeture. Le frère en profita pour me dire au téléphone : « Quand tu descends à l’aéroport, tu prends le taxi jusqu’au bac puis le bateau pour l’autre île et c’est là que je te récupère car nous sommes dans l’autre île que l’aéroport ». Je dis : « Ah d’accord ! » en me demandant comment j’allais faire ça avec 2€30. Quand je suis descendu à l’aéroport, le taxi jusqu’au bac coûtait 2€ et le bac était gratuit, payant seulement dans l’autre sens. Moralité : on a toujours besoin d’Allah et quand on croit que tout est organisé, tout peut se retourner. Quand on est avec Allah, toutes les contraintes matérielles sont petites : on les gère sans les craindre.

28 Affronter le chirk à Réunion

Un des plus grands malheurs de la oumma est l’utilisation généralisée des talismans chirk dans la culture musulmane indienne, les savants en détenant le monopole. Ce sont exactement les mêmes talismans qu’en Afrique, faits avec les mêmes livres, mais le problème chez les indiens est que ce sont les savants qui les font et les justifient. Ma critique des talismans fut très mal accueillie à l’île de la Réunion. A mon voyage suivant, le corps religieux sauf quelques rares soutiens avait préparé mon arrivée : un article contre moi, m’interdire les interventions dans les mosquées, combattre mes élèves, dissuader les gens de venir me voir. On s’est donc retrouvé un peu dans le vide les premiers jours. En même temps le chirk était toujours présent et flagrant dans la vie des gens et nous le voyions à travers les consultations et les discussions dans les mosquées ; c’était révoltant pour nous. Il se trouva que j’étais en train de réviser sourate Younes en ce temps et j’ai trouvé plusieurs éléments concordants avec la situation que je vivais. En fait tous les prophètes étaient plongés dans une situation où les gens font le chirk de façon complètement irrationnelle et stupide, et malgré les preuves logiques et les miracles que les prophètes leur montraient, ils restaient endurcis dans leurs positions. Sourate Younes décrit cet état que vit le prophète (s) au milieu de son peuple et c’est quand je me suis retrouvé dans la même situation que toute la sourate est devenue claire et limpide. Au début j’avais retrouvé plusieurs éléments de la sourate, mais quand j’ai commencé à rédiger j’ai trouvé la correspondance verset par verset et j’ai écrit un tafsir de 20 pages. Cette découverte était d’autant plus importante pour moi que j’avais déjà établi le fil conducteur de toutes les sourates précédentes : Baqara, Ali Imrane, Nisa, Maïda, Anâam, Aâraf, Anfal et Tawba, et en plus le lien logique qui traverse le Coran à travers toutes ces sourates. Mon fil s’arrêtait là, et après j’avais des fils conducteurs pour certaines sourates. J’avais déjà établi que le thème de la sourate était le chirk, mais je n’avais pas réussi à aller plus loin. Ainsi se sont déroulées toutes mes découvertes spirituelles par la grâce d’Allah : dans l’effort, la souffrance, la méditation, la prière, la persévérance, la recherche des solutions, l’étude de la sira et par-dessus tout le Coran. On m’avait envoyé l’article écrit contre moi avec la liste de distribution qui couvre la majorité des savants et responsables religieux à la Réunion, donc je n’avais plus qu’à renvoyer ma réponse sous forme d’analyse et de tafsir de sourate Younous en 20 pages. Par la grâce d’Allah ça a renversé le rapport de force et plus personne n’osait ouvrir la bouche pour me critiquer, tellement le chirk qu’ils commettaient est flagrant. Nos objectifs ne sont pas atteints : enlever les talismans et toute forme de chirk de la communauté musulmane, établir la roqya puis en faire un moyen de daâwa des non-musulmans, ce qui passe par soigner et former un grand nombre, mais au moins on a fermé la bouche de ceux qui défendent le chirk.

29 A la porte à Dewsbury

Nous avons tellement l’habitude d’être mis dehors, ça nous est arrivé trois fois dans la même journée. L’activité de roqya est tellement compliquée : il y a des patients qui crient et font des crises, des voisins se plaignent, les voitures encombrent, les autorités rouspètent, les propriétaires ont peur, les sorciers sont furieux, ils ont des contacts, la roqya est parfois incomprise, le captage aussi. Donc on a toujours beaucoup de mal à avoir des locaux et du mal aussi à les garder.

L’histoire se répète à Dewsbury au nord de l’Angleterre, la raison cette fois est d’avoir critiqué les taawiz – talismans indiens. Alors que nous étions en plein traitements et formations, on nous annonce que nous avons 30 minutes pour quitter les lieux. L’organisateur fut pris de panique et se mit à téléphoner pour nous trouver un hébergement. Une mosquée accepta de nous héberger mais pas d’accueillir la campagne. Je dis : « Non, ça ne nous arrange pas d’être hébergés et nourris si on ne peut pas faire la campagne ». En Angleterre, la difficulté à trouver un local est phénoménale, et jusque-là nous avons eu beaucoup de mal à trouver des locaux. J’ai parlé aux derniers patients qui venaient d’une ville voisine et qu’on ne pouvait pas soigner pour leur demander s’il était possible d’accueillir la campagne dans leur ville. Ils acceptèrent avec joie de nous laisser leur maison d’amis inoccupée et en plus voulaient apprendre la roqya.

Sautez le mur, de l’autre côté il y a la satisfaction d’Allah et Son aide.