CAPTAGE : HALAL OU HARAM ?

Définition : amener un djinn chez une personne non possédée mais précédemment possédée et gardant des séquelles (brèches) permettant au djinn de rentrer en lui, par le biais de douaa et de versets, dans le but de le convertir et de soigner le patient dont on a ramené le djinn. Ce processus n’utilise pas de djinns, contrairement à d’autres raqis qui se servent de djinns ou aux voyants qui ont des pactes avec des djinns, ici il n’y a que les djinns du malade qui sont déplacés sur le capteur pour les enlever plus facilement. Par ailleurs, le but de ce processus n’est pas d’établir le diagnostic du patient, mais de retirer les djinns qui lui font du mal.

La première question qui se pose est : est-ce que cet acte est un acte religieux ou temporel, car tout acte religieux doit provenir de la chariaa car l’adoration doit être révélée et non inventée, et tout acte temporel est autorisé sauf ce que la chariaa a interdit. Même si le captage implique des douaas et des versets du Coran, il est clair que ce n’est pas une adoration comme la prière ou le dhikr, mais un procédé de guérison, qui répond à une logique médicale de considérer les avantages et inconvénients de cette méthode, et il n’y a pas une adoration en islam qui ressemble de près ou de loin au captage. Donc nous n’avons pas besoin de chercher si le prophète (s) ou les sahabas ont pratiqué cette méthode puisque le prophète (s) a autorisé toutes les méthodes de soin d’avant l’islam tant qu’elles ne comportent pas de chirk. Ce serait aussi dénué de sens que de rejeter la médecine moderne car le prophète (s) et les sahabas n’ont jamais utilisé de tels procédés. La deuxième question qui se pose est : cet acte en soi est-il interdit ? Autrement formulé : si cela relève bien des a'mâl ul-'âdât – du temporel, alors est-ce que cela contredit un hukm shar'î, ou cela n'en contredit aucun ? Certains affirment : « Il est interdit au djinn de rentrer dans un corps humain ». D’où vient cette affirmation ? Est-ce qu’on parle des djinns mécréants ou utilisés par les sorciers qui attaquent les gens ? Les interdictions et obligations ne concernent que les musulmans, et effectivement les djinns qui attaquent les malades ne se demandent pas si c’est interdit ou permis. Il arrive de trouver chez un malade un djinn musulman qui dit qu’il est venu l’aider contre les djinns mécréants qui le font souffrir ; en supposant que ce djinn soit vraiment musulman et qu’il dise la vérité, est-ce que l’islam lui interdit de venir s’installer dans le corps du malade pour l’aider ? Il n’y a aucun hadith ou récit dans l’islam qui aborde cette question directement et on peut juste comparer à une maison : il est interdit de rentrer sans autorisation chez quelqu’un d’autre, mais si la personne t’invite ça devient autorisé, et si la maison est en feu, tu peux et tu dois entrer sans autorisation pour sauver les gens ou même les meubles.

Il est évident que le captage étonne et déstabilise : introduire un djinn ainsi dans le corps d’une personne est étrange et on se demande légitimement si on en maîtrise les conséquences physiques et spirituelles. L’interrogation est de même nature que la transfusion sanguine : c’est aujourd’hui un acte banalisé, mais imaginez l’appréhension que cela pouvait susciter dans les débuts : rentrer dans un corps le sang d’une autre personne ? Est-ce qu’on en maîtrise toutes les conséquences ? Et pourquoi ne pas se demander si cela a des conséquences spirituelles sur le receveur ? Nous sommes donc dans un débat de santé et de risques, éventuellement d’utilité et de fiabilité, en tous cas de peser le pour et le contre, et non de savoir si c’est un acte religieux recommandé comme des nafila ou interdit comme prier sans ablutions.

La troisième question est : quels sont les effets négatifs sur le capteur ? Et là nous sommes dans un domaine purement expérimental et non religieux. Un frère m’a dit que les soignants au Pakistan utilisaient des enfants pour dévoiler ce que le patient a et communiquer avec les djinns, et ces enfants plus tard avaient de graves problèmes de djinn et de sorcellerie. D’abord la roqya est un travail à haut risque puisque nous sommes systématiquement attaqués par les sorciers et les mauvais djinns et ils font tout leur possible pour nous briser pour que nous cessions la roqya et attaquent nos familles et tous ceux qui nous soutiennent. Le capteur ayant une importance particulière dans le dispositif de la roqya est attaqué un peu plus que les autres. Serait-ce une raison d’arrêter tous la roqya ou de l’interdire ? Et pourquoi les sorciers n’ont peur de rien et nous qui espérons l’aide d’Allah nous aurions peur d’eux ? Malheureusement de nombreux raqis arrêtent après un temps car ils sont dépassés par les attaques ou ne supportent pas de voir leurs familles attaquées. Ma réponse à cette inquiétude est d’abord nous avons développé une batterie de techniques de roqya qui permet de traiter par la grâce d’Allah la majorité des cas avec une relative facilité ; il en résulte que quand nous sommes nous-mêmes attaqués, nous nous soignons et le problème s’arrange par la grâce d’Allah. Et si nous rencontrons un cas résistant ou dont nous n’avons pas la solution, nous allons chercher en demandant l’aide d’Allah et avec foi sur le hadith « Allah a fait à toute maladie un remède sauf la vieillesse ou la mort » jusqu’à trouver une solution. Donc in cha Allah quoi qu’il puisse nous arriver nous avons les moyens de le résoudre par la volonté d’Allah, contrairement aux raqis limités dans leurs méthodes et qui n’ont pas une vision globale du traitement : ils sont exposés à se retrouver dans une situation qu’ils ne maîtrisent pas. Deuxièmement nous avons développé des moyens de protection et de défense qui constituent le premier cours dans le cursus de formation et qui font que nous ne craignons pas les ennemis d’Allah. Troisièmement un capteur qui veut arrêter peut refermer ses brèches et quitter la roqya ou juste arrêter le captage. Quatrièmement nous faisons un suivi de nos capteurs et il n’y a pas de conséquences du captage sur leur santé ou leur spiritualité, ce qui n’empêche pas qu’ils peuvent avoir des problèmes dans la vie comme tout le monde.

La quatrième question est l’utilité du captage et pourquoi ne pas amener les djinns chez le patient directement. D’abord la plupart du temps les djinns ne se manifestent pas et ne parlent pas chez le patient et il est dangereux de forcer jusqu’à les faire parler par le patient car cette opération est très pénible et il est possible que les djinns par la suite parlent par la bouche du patient à tout moment ; par contre le captage permet de retirer ses djinns en toute douceur par la grâce d’Allah, sauf les cas où le patient se met à se débattre ou les djinns se débattent chez le capteur, mais cela reste largement moins pénible que par lecture sur le patient. On demande aussi comment savoir si ce sont vraiment les djinns du patient qui sont là, pourquoi pas d’autres qui jouent la comédie ? On ne croit jamais les djinns sur parole, on vérifie et on analyse, et l’essentiel est que le patient guérisse, que tous ses symptômes disparaissent. Depuis l’introduction du captage dans la roqya, qui ne remplace aucun des procédés utilisés jusque-là, la guérison est plus rapide et plus stable chez les patients. Le capteur est dans l’ambiance de la roqya toute la journée donc des mauvais djinns ne peuvent pas se cacher longtemps en lui. Ensuite le captage permet de ramener les djinns qui sont restés chez le sorcier qui a envoyé ces djinns, et ceci nous a ouvert une nouvelle ère dans la roqya : enlever les djinns des sorciers, les convertir et les renvoyer les combattre en récitant « combattez les alliés du diable », car il n’est pas normal que les sorciers soient plus efficaces que nous : nous peinons à soigner une personne qu’ils rendent malade facilement et même si elle guérit, ils peuvent l’atteindre facilement et nous aussi ; maintenant par la grâce d’Allah à travers le captage nous pouvons facilement enlever leurs djinns pour annuler leur pouvoir et même s’ils le reconstituent, nous pouvons le détruire à nouveau facilement par la grâce d’Allah. Ceci nous ouvre de nouvelles voies comme par exemple de chercher les sorciers pour les visiter, les prêcher, amener leurs djinns devant eux pour les convertir et les retourner contre eux, de même par exemple la visite et le prêche des féticheurs.