MALI - BAMAKO (AOUT - SEPTEMBRE 2010)

Nous avons passé par la grâce d’Allah deux mois à Bamako, Mali. Il y avait déjà sept centres de roqya à Bamako, aussi nous avons cherché à collaborer avec un centre pour ne pas nous poser en concurrents. Par la grâce d’Allah, cela a pu se faire dans les meilleures conditions, et le centre qui nous a hébergés était au début intéressé par nos méthodes et à la fin convaincu et complètement formé à leur application. En plus de cela, d’autres centres ont pu profiter de la formation, de nos méthodes, ou juste dissiper des doutes à notre égard, et nos élèves – une quinzaine d’étudiants essentiellement – ont ouvert à leur tour un centre à la FAST – Faculté des Sciences et Techniques.

La campagne a été relativement lente ou douce à cause de plusieurs facteurs : le mois de ramadan ; la difficulté d’accéder aux radios islamiques et l’impossibilité de faire la pub à la télévision ; l’esprit conservateur malien qui préfère observer longuement avant de prendre la décision d’un changement ; le manque de parrainage par des acteurs locaux. La campagne s’est donc axée sur quelques prêches dans les mosquées avant le ramadan, plusieurs conférences avec les étudiants et intellectuels , distribution de prospectus aux feux rouges, et enfin la participation des télévisions Africable et ORTM qui a eu un grand impact sur les populations sans être une publicité directe.

Nous prions Allah de faire germer cette graine et qu’une prochaine fois on pourra faire une tournée de toutes les villes principales du pays car la sorcellerie est extrêmement répandue.

L’aspect extrêmement positif de cette campagne a été le contact avec les intellectuels. J’ai dirigé les prières de tarawih à la mosquée du principal campus universitaire de Bamako ainsi que les tafsir quotidiens après dhohr enregistrés par Africable. J’ai participé à trois séminaires : l’OJEMAO : Orgaisation de la Jeunesse Musulmane de l’Afrique de l’Ouest qui regroupe principale les différentes AEEMX : Associeation des élèves et étudiants musulmans de pays X et les associations des anciens élèves qui m’a permis de faires sept interventions de formation spirituelle, de rencontrer les délégations de plusieurs pays et notamment préparer la campagne en Guinée . Puis j’ai participé timidement au Cimef, et je prie Allah que ce colloque si médiatisé devienne un véritable outil d’entraide entre musulmans d’Europe et d’Afrique. Ensuite je suis allé au séminaire de formation national de la Lieema : ligue islamique des élèves et étudiants du Mali, à Koutiala à 400 km de Bamako ce qui m’a permis de bien m’imprégner avec les responsables et les formateurs. Enfin, plusieurs conférences à Bamako m’ont permis de faire la connaissance des responsables d’activités islamiques en plus de ceux qui viennent chez nous pour la roqya. Il y a à Bamako un foisonnement des associations islamiques ; on peut déplorer l’émiettement des activités, mais on ne peut que se réjouir de tous ceux qui luttent pour l’islam.

L’activité qui m’a le plus marqué est celle d’une organisation islamique qui a développé un programme scolaire pour les écoles primaires qui contient le programme officiel, l’apprentissage de l’arabe et les cours islamiques. Ils sont à 27 écoles qui suivent leur programme, et les élèves réussissent si bien dans leurs études – en comparaison à ceux qui ne font que le programme officiel – que d’autres écoles viennent vers eux demander à rejoindre leur programme : dix nouvelles écoles veulent se rajouter cette année. Leur première promotion est arrivée cette année à l’université. Pourquoi ceci m’atellement marqué ? L’Afrique souffre d’un échec cuisant du système scolaire. Quleques écoles d’élite publiques ou chrétiennes produisent les meilleurs éléments. Les écoles que les musulmans essayent de mettre en place sont le plus souvent « sociales », accueillant des élèves défavorisés et employant des enseignants sous-qualifiés et presque bénévoles, et donc une forme de garderie. D’autres au nom de l’islam, font des écoles arabes ou coraniques où les élèves ne connaissent rien à la modernité et les débouchées professionnelles sont très réduites. Certaines de ces écoles ont ajouté le français, devenant ainsi des écoles franco-arabes, mais le plus souvent le français est insuffisant et ne permet pas aux élèves de se comparer à ceux des écoles publiques. Enfin, certaines rares écoles islamiques ont réussi à être des écoles d’élite et franco-arabes et donc coûteuses et sélectives, mais ici ce que nous avons en plus c’est qu’au lieu de s’investir dans la création et la gestion d’une école, les frères ont produit un programme pilote qu’ils offrent à toutes les écoles qui le désirent et qui donne des résultats très satisfaisants. Aussi j’appelle tous ceux qui le désirent à les contacter pour bénéficier de ce programme et propager cette bonne œuvre très prometteuse pour l’avenir de l’islam. Contacter la soeur Aissata "aissata A-Islam bamako" <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>.

La même association a démarré un projet de banque islamique – qui s’appelle d’abord mutuelle – qui regroupe essentiellement les enseignants et les promoteurs de ces écoles. Je pense que le temps est venu pour les musulmans de sortir du système bancaire classique et d’instaurer leur propre système. Après la première expérience réussie que j’ai constatée par la grâce d’Allah à Daloa en Côte d’Ivoire, voici la deuxième preuve que c’est simple et efficace et pas trop dur à mettre en œuvre. Les principes de la banque islamique sont d’abord qu’elle est basée sur l’épargne : elle s’adresse en premier lieu à ceux qui ont des revenus moyens et qui ont besoin d’aide pour épargner pour évoluer dans leur vie. Présentement, il s’agit essentiellement de permettre aux enseignants d’acquérir des motos, des moutons de l’aïd et ensuite des logements. Il n’est pas concevable de prêter l’argent à quelqu’un qui veut faire des affaires moyennant une part des bénéfices : c’est la faillite assurée. Il vaut mieux que la banque ou mutuelle fasse des investissements avec l’argent du groupe : ainsi les risques seront mieux maîtrisés de même que le partage des résultats. Bien entendu, après ces grandes lignes, il y a beaucoup de détails à rajouter et les responsables se feront un plaisir de vous éclairer. Je signale au passage la création d’une nouvelle banque-mutuelle islamique au Togo, suite à l’exemple de Daloa"barakat daloa adama" <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>, qu’Allah bénisse et multiplie les initiatives constructives pour l’islam.

En conclusion, ce séjour à Bamako a été un véritable travail d’investissement pour l’avenir de l’islam, et malgré le développement très inquiétant des mœurs occidentales à Bamako, je suis confiant que l’élan du travail islamique donnera ses résultats d’ici quelques années.

J’avais oublié de citer en conclusion des cinq mois de tournée dans 18 villes ivoiriennes deux aspects mineurs. Le premier est l’aspect touristique : il y a une beauté naturelle saisissante en Afrique, d’autant plus que la plupart des surfaces n’ont pas été transformées par l’homme et sont des forêts naturelles. Je vais citer en particulier la ville de Man entourée par 18 montagnes et où se trouve une chute d’eau célèbre et très visitée. Il y a aussi une forêt sacrée avec des singes sacrés. En fait, l’interdiction de faire du mal aux singes et la tradition de leur offrir des bananes font que les singes accourent des que des gens se présentent en bordure de forêt pour manger les bananes dans leurs mains. Mais il y a aussi les sacrifices que seuls les initiés peuvent faire à l’intérieur de la forêt et nous nous sommes fait un plaisir de ramener les djinns de la forêt pour les convertir par la grâce d’Allah. Puis nous sommes allés au sommet le plus haut de la Côte d’Ivoire – 1200 et quelques mètres – sur lequel se dresse une antenne de télévision qui donne une vue panoramique encore plus saisissante : à environ 1h30 de route, on voit la ville de Man de cette hauteur. Un autre site touristique remarquable est la ville de Tabou : une colline au pied de la mer, puis une lagune, puis une île, avec forêts et cocotiers. La superbe grande mosquée est à 200 m de la mer et cela donne un spectacle magnifique. Vous pouvez aller le matin demander aux pêcheurs de vous ramener des crevettes sauvages car les populations ne s’y intéressent pas et ils n’en ramènent que sur commande.

J’arrive au deuxième aspect qui est économique : je ne peux m’empêcher en voyant ces sites naturels si beaux et inexploités de penser que les occidentaux – pourquoi pas les arabes orientaux – paieraient très cher pour en profiter. La montagne et la mer, en plus de la chaleur et du beau temps toute l’année, ont l’avantage d’une température plus douce et jamais excessive. Un village de retraités européens serait un petit paradis pour des classes moyennes en Europe qui finissent leurs jours dans la solitude et le besoin, et un enrichissement de l’économie locale qui pourrait profiter de l’expérience de ces retraités dans divers domaines. Des particuliers pourraient faire cet investissement, sinon les caisses de sécurité sociale ou de retraite auraient gros à gagner dans ce projet.

Nous sommes donc en transit à Abidjan et partons le 27 septembre à Conakry, qu’Allah accepte et bénisse ces efforts et guide les musulmans dans le droit chemin.