BENIN (TOHIR - SEPTEMBRE 2015)

Cette campagne de roqya s’est déroulée du 17 au 23 septembre 2015, en Afrique de l’Ouest au Bénin, dans les villes de Porto novo, Toko toko, Partago, Bourgou, et Parakou. Elle a été menée par une équipe composée de 5 raqys et de deux capteurs, tous venus de différentes villes du pays. Les conditions d’accueil nous ont permis de mener à bien des opérations de sensibilisation sur les maladies occultes, d’intervenir sur le terrain pour les soins et pour la formation de nouveaux élèves. En premier lieu, nous ferons l’état des opérations de soins auprès des patients ainsi que des formations, avec ceux qui en a résultent en termes de points positifs et/ou négatifs. Puis, nous aborderons un autre aspect de notre mobilisation, celui de la sensibilisation auprès du public et plus particulièrement auprès d’acteurs locaux tels que les imams, les politiques, les médias et intellectuels divers, ceci en livrant les issus de ces dialogues.

TRAITEMENTS ET FORMATIONS

Intervention auprès des patients

Tout au long de cette campagne, la communication a joué un rôle déterminant et ceci à différents niveaux. Quel que soit le canal, elle a permis d’informer les patients sur la campagne et de sensibiliser le public sur les maladies occultes. En ce sens, le soutien des représentants locaux (imams, médias, intellectuels) y a contribué pour beaucoup. Comme ça a été le cas pour Porto Novo et Toko Toko, où les imams se sont fait nos portes paroles pour annoncer notre arrivée. Leur concours a été très bénéfique, puisqu’il a permis aux patients de prendre des dispositions pour les rendez-vous, en disposant de l’information avant notre arrivée. Cependant, du point de vue de notre travail, beaucoup reste encore à faire pour la reconnaissance de notre expérience dans ce domaine de la roqya. Notamment du fait de l’opposition de certains au recours au captage, comme cela s’est présenté à Porto novo par exemple. Fort heureusement, ces quelques réactions hostiles n’ont eu aucun impact sur la poursuite de la campagne. Seulement, cela pointe du doigt la nécessité à poursuivre les interventions et d’informer sur les méthodes de soins par des mesures pédagogiques. Ainsi, lorsqu’il est question de nous rendre à nos destinations la partie n’est pas gagnée d’avance, puisque nous pouvons être confrontés à des réticences plus au moins affirmées, allant même jusqu’au rejet. A chaque étape de notre campagne, nous procédions à une distribution de tracts avec parfois l’annonce dans le village pour transmettre l’information de notre arrivée. Par la suite, les patients nous ont rejoints à notre lieu de traitement. La capacité numérique de l’équipe a permis une prise en charge plus individualisée et d’établir des échanges avec les patients, toujours en demande d’informations supplémentaires pour les questions liées aux soins et à l’évolution de leur état. Cette force d’accueil de l’équipe de soignants a aussi permis de proposer des psychothérapies aussi souvent que nécessaire, tout en sachant qu’elles jouent un rôle important dans le processus de guérison, puisqu’elles participent à l’affaiblissement des djinns et à la fermeture des brèches. Enfin, du point de vue organisationnel les horaires de journées étaient fixés, mais bien souvent ils n’étaient qu’indicatifs puisque la majorité du temps nous poursuivions au-delà.

Formation

Ce public était différent de celui des patients. Venu spécialement pour bénéficier de la formation, parfois des villages voisins, ils n’ont pas hésité à faire des kilomètres pour y assister. Souvent, ils sont envoyés par les centres coraniques où ils étudient. L’intérêt c’est bien évidemment qu’ils maitrisent déjà la lecture. Cette organisation invite à la réflexion sur la responsabilité collective, qui semble quelque peu échapper aux sociétés occidentales, et/ou d’un niveau économique plus élevé, au comportement plus individualiste. Ici, le plus apte à exercer un rôle dans la communauté est désigné, et il s’y engage pour en faire bénéficier les autres. Les formations se sont départies en deux modules, généralement par groupe de 15 afin de permettre plus d’échanges, et pour rendre les séances plus interactives. La formation permet l’apprentissage des méthodes de soins, et elle donne les moyens d’intervenir très rapidement auprès des patients. Ce tableau ci-dessous comprend les informations relatives à la campagne en termes quantitatifs.

RESULTATS DE CAMPAGNE AU BENIN

Ville Durée Patients traités Formation Capteur éventuel Ouverture de centre

Porto Novo 2 semaines 82 0 0 0

Toko Toko 1 semaine 28 0 1 1

Bourgo 2 semaines 37 37 1 1

Partago 1 semaine 59 13 0 1

Parakou 1 semaine 30 31 2 1

Dans l’ensemble, l’action semble plutôt porteuse puisqu’elle a permis la formation de nouveaux élèves, l’établissement de nouveaux centres et la révélation d’un certain nombre de capteurs. L’existence de centre de soins donne la capacité à pouvoir répondre aux attentes locales tout au long de l’année, sans la limiter au temps d’une campagne. Notons qu’il n’existait aucun centre auparavant dans ces villes concernées par cette campagne, excepté à Parakou. Comme nous pouvons l’observer dans les résultats du tableau, il n’existe pas de correspondance numérique et de valeur proportionnelle entre le nombre de patients et de participants aux formations. Cela démontre que ce sont deux publics différents, avec des attentes distinctes. Il est plus bénéfique de former et de donner les moyens à chacun de se prémunir des maux occultes, et d’éviter ainsi les problèmes de cet ordre qui peuvent toucher tous les domaines de la vie.

Comme il en était question dans l’introduction de ce rapport, nous avons également concentré nos actions sur des échanges avec des acteurs locaux divers pour sensibiliser le public, mais aussi pour une reconnaissance de l’utilité de la roqya, et ainsi légitimer la part qu’elle peut prendre dans le diagnostic global d’un patient.

DIALOGUE AVEC DIVERS REPRESENTANTS LOCAUX

Intervention auprès des acteurs locaux

Ces actions consistaient en premier lieu à exposer notre activité auprès de personnes ayant un lien plus ou moins proche avec notre domaine d’intervention, comme les imams et les politiques. Il s’agissait de créer des passerelles entre nous pour rendre les actions plus porteuses. Par exemple, les imams nous permettent de nous adresser à un plus large public en nous laissant nous exprimer dans leurs mosquées. En ce sens, nous avons pu exposer ce thème des sorcelleries avec les moyens de diagnostic, les méthodes de soins, et notamment de captage avec démonstration. Et nous souhaitons être accueillis dans de nouvelles mosquées. La radio locale quant à elle, nous a proposé un contrat d’un an pour une antenne hebdomadaire. Ce qui n’est plutôt pas mal s’il on considère l’outil pour une communication à plus grande échelle. D’autres personnes, notamment des intellectuels étaient présentes pour partager des points de vue, réagir. Enfin, avec les personnalités politiques locales, la reconnaissance auprès du ministère de la santé était au centre de l’échange. Nous les avons rencontrés au centre de Parakou dans le contexte de la rétrospective depuis notre dernière rencontre il y a un an. Cette contribution s’inscrit dans la dynamique et la volonté de l’organisation.

Ce que l’on peut déduire de ces échanges, c’est que la prise en compte des maladies occultes existe puisque des espaces de communication nous sont dédiés et à différents niveaux. Mais elle est encore minime. L’espoir d’arriver à une reconnaissance du ministère de la santé passera peut être par des émissions radios, par des interventions dans les mosquées et pourquoi pas par les contributions de médecins en croisant les données de l’état des patients avec les résultats des roqyas, comme cela est souhaité par l’organisation.

Pour conclure sur l’ensemble de ces actions de la campagne, l’apport est significativement positif puisque de nouvelles campagnes sont en programmation dans les lieux suivants : Malanville, Karimama, Natitingou, Savè, Porto Novo, Cotonou, Nikki et Koandè. De plus, un certain nombre de patients ont été traités, des équipes formées, des capteurs révélés.

Enfin, ces occasions de travail en équipe sur le terrain sont toujours un moyen de consolidation des liens fraternels. Ceci, autant au niveau des patients qui apprécient notre aide et soutien qu’entre les membres de l’équipe de soignants, puisque ces actions de soulagement des douleurs en plus d’être très humaines, rapprochent du divin car elles s’exercent dans le cadre d’un rappel constant, au moyen de sa parole et de la demande de son secours. Pour terminer, avec tous ces projets et hélas tous ces malades, il reste encore bien des campagnes à mener.