ALGERIE (JUIN 2017)

Louanges à Allah et prière et paix sur son Prophète.

Voici enfin la première campagne en Algérie. C’est effectivement l’ouverture au Maroc qui nous a encouragés à tenter l’Algérie, et par la grâce d’Allah, comme pour le Maroc, il n’y a pas de blocage ni par l’administration ni par la population : il suffit de connaître une personne en bons termes avec les autorités qui va déclarer notre venue, et pas une personne n’a contesté le captage ni quoi que ce soit dans notre traitement. Comme ce fut une première campagne de découverte, la durée n’était pas longue – 3 semaines – on n’a fait que 3 villes : Bouira, Ghardaïa et Oran, et il n’y a pas eu d’activité médiatique. Il n’en reste pas moins que ce fut une campagne d’une grande richesse.

1) La résistance des djinns

Depuis plusieurs mois avant notre venue, les djinns attaquaient les capteuses et affirmaient qu’ils ne nous laisseraient pas venir. Il en est ainsi pour la plupart des pays mais je ne me rappelle pas d’une telle insistance. Cette résistance s’est confirmée sur place : d’abord les captages des patients prennent 2 fois plus de temps qu’en France, tellement la sorcellerie est forte et résulte d’une tradition ancestrale. Nous avons visité des maisons hantées dans les montagnes : quel combat pour enlever les djinns ! Donc tous les soirs, une fois la journée finie et les patients partis, les attaques arrivent et les capteuses sont mises à rude épreuve. Mais ne vous inquiétez pas, tout se termine toujours bien par la grâce d’Allah et les épreuves sont un renforcement de la foi et des qualités.

Cela culmina avec le combat du siècle. Oui, de ma vie de raqi et de captage, je n’avais pas vu un tel combat. Il nous a fallu 4 heures pour venir à bout de ce djinn. Nous avons commencé avec un patient vers 23h et terminé juste avant l’appel du souhour. Après avoir capté des djinns normaux pour le patient, ce gros djinn arriva et rien ne semblait l’affecter. Jusque-là rien d’extraordinaire, les djinns qui ont reçu beaucoup de sacrifices et d’adoration sont tellement noirs que les procédures habituelles semblent ne pas les affecter ; mais c’est juste une question de persévérance et la lumière finit par percer leurs ténèbres ; toutefois il y a des techniques pour gagner du temps. Mais là rien ne semblait marcher et il ne faisait que demander qu’on l’adore. Quand on parlait d’Iblis, il disait qu’il le détestait et qu’il savait qu’il allait en Enfer. Lui-même acceptait d’aller en Enfer, et quand on lui lut l’Enfer, il se mit à savourer le passage dans le feu et à rire jusqu’à ce que j’ai laissé tomber. Finalement j’ai appelé la bête pour le manger mais il la décapita d’un geste : je n’ai jamais vu ça. On avait beau ramener les bêtes et les armées musulmanes et les renforcer, il ne faisait que les décapiter et ça l’amusait beaucoup. Il ramena ses armées pour les combattre et nous avons cherché des stratégies pour renforcer et protéger les musulmans jusqu’à ce qu’ils purent lui résister ; il amena alors leurs familles et les tua et les musulmans se prosternèrent devant lui ! Après encore des tentatives je me suis décidé à le tuer et en l’égorgeant il s’est enfui. Nous avons donc eu une pause mais pas question d’aller dormir en laissant ce monstre en liberté. Alors nous avons ramené tous ceux qui ont été tués, les mécréants pour les convertir et les musulmans pour qu’ils reprennent le combat. Nous les avons préparés au combat mais ils étaient terrorisés. Effectivement dès que les mécréants arrivèrent, ils les exterminèrent tous et partirent. Nous les avons encore ramenés et nous leur avons rajouté la protection : 17/45. Cette fois-ci les mécréants arrivèrent et ne purent les combattre et ils se convertirent. On se mit à ramener les armées de ce grand djinn de chaque pays pour les convertir. Je leur ai demandé ce qu’ils faisaient comme travail pour lui ? C’est le même qu’Iblis, mais il fait ça pour son propre compte. Leur avantage disent-ils est que les gens ne pensent pas à eux quand ils demandent la protection d’Allah contre le diable et qu’ils ne sont pas attachés pendant le ramadan. Iblis bis, quel phénomène étonnant, et c’est curieux qu’on ne l’ait jamais croisé avec tous les pays qu’on a faits. C’est ce qui explique sa force : tous les péchés dont il est la cause le renforcent et augmentent ses ténèbres. Tandis que nous ramenions les armées de chaque pays pour les convertir, il arriva et se mit à les tuer avant même qu’ils se convertissent, si bien qu’ils se retournèrent tous contre lui à cause de sa méchanceté et se convertissaient dès qu’ils arrivaient. Les armées terminées, il était là devant nous ; sans le ramener dans le corps de la capteuse, nous avons vidé son sang puis ses pactes, et là il est venu tout affaibli. Je lui ai dit : « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » Il dit : « Il faut me tuer ». J’ai eu beau lui proposer l’Islam et insister mais il expliqua que la seule chose qui l’intéressait dans la vie était d’être adoré. Nous l’avons donc tué et il se mit à proposer à la capteuse d’être sa femme et d’être sorcière jusqu’à ce qu’il mourut. Après cela, la capteuse en fut renforcée et les captages suivants dans la ville furent facilités comme si l’état-major de la mafia était décimé et toute la criminalité s’est affaiblie. Justement cette bataille eut lieu dans une zone très spéciale…

2) Une communauté digne d’une légende

De qui s’agit-il ? Je vous laisse en suspens. C’est une communauté que j’ai eu un peu à côtoyer et apprécier dans le passé, mais leur fief étant en Algérie, ce fut l’occasion de les connaître plus. Disséminés dans toute les villes, je fus invité par leur représentation à Bouira à expliquer la ruqya lors de leur réunion hebdomadaire du jeudi soir. Ils se réunissent dans un appartement aménagé en salle de prière. Quand nous arrivons, ils sont déjà là, une trentaine de personnes, adolescents, adultes et vieux, tous en tunique et chapeaux blancs. Ils me saluent avec calme et respect, et avec une certaine excitation chez les plus jeunes. Puis ils m’orientent vers la table et le micro – apparemment les femmes sont dans un appartement mitoyen, mais on ne les voit jamais. Je finis de tout expliquer avec de multiples exemples sur le captage qui ne les choque pas le moins du monde. Ils posent des questions de haut niveau, tout dans le respect et le dialogue, et nous remercient beaucoup avant le départ. Je n’ai jamais vu une communauté avec une telle discipline, respect, pureté de cœur, attachement à la foi, accueil d’un étranger ; je suis resté stupéfait. La première fois que j’ai fait le pèlerinage en 1997 – je crois – il y avait une masse de gens venus faire le pèlerinage tranquillement et sans arrière-pensée, et des groupes qui tournent parmi les pèlerins pour prêcher chacun sa voie. Même si chacun d’eux est convaincu que sa voie est le vrai Islam, ils ne peuvent pas parler de l’Islam sans parler de leur voie, et assez souvent sans condamner celles de leurs concurrents. Les pèlerins normaux n’y voient que du feu et les accueillent tous comme des cheikhs venus leur faire un rappel, alors que eux, se reconnaissent à leurs tenues et souvent se détestent et se combattent ; ce qui est sûr est qu’aucun de ces groupes n’acceptera le sermon d’un autre groupe ni ne considérera l’enseignement d’une personne qui n’est pas de son groupe. Je le sais très bien : tels que nous étions dans le tabligh, il n’est pas possible que nous donnions un intérêt pour l’enseignement de quelqu’un qui n’en fait pas partie ; même si nous nous asseyons à son cours, c’est plus une question de politesse que d’intérêt. Et voilà donc j’étais stupéfait de voir toutes ces générations m’écoutant avec intérêt et acceptant mes réponses à leurs interrogations. Bien sûr il y eut la séance des photos et l’engouement des jeunes, il ne manquait que la démonstration du captage.

Alors, qui a trouvé quelle est cette communauté ? Ce sont les ibadites, un madhhab différent des 4 écoles que nous connaissons dans la sunna, et qui n’est pas chiite non plus, et qui est par erreur assimilé aux khawarij – dissidents des rangs de Ali (r). Vous pouvez en découvrir plus sur internet mais ce n’est pas utile ; ce qui est utile est de voir comment fonctionne cette communauté et quels sont ses avantages.

Nous sommes ensuite allés à leur fief : Ghardaïa (ainsi que Jerba en Tunisie et le sultanat d’Oman). On n’a pas vu une femme sans voile dans cette ville. Leur règle est que les jeunes filles portent le voile et les femmes mariées s’enveloppent du drap blanc et montrent juste un œil, mais de toute façon les femmes sortent rarement. La communauté est gérée par un conseil de savants depuis plus de mille ans ; toutes les affaires de la ville sont gérées depuis la mosquée et il y a de nombreux aspects étonnants dans cette communauté. Par exemple les mariages sont collectifs, les tenues et les dépenses sont les mêmes pour tous les couples.

Nous étions hébergés dans un centre qu’un bienfaiteur a construit pour le bien de la communauté : dentiste au premier étage, maternité au deuxième, résidence pour invités au troisième : chambres avec douche interne et climatiseur, deux grandes cuisines bien équipées, grand salon avec climatiseur et tableau à feutre, et terrasse qui dévoile les constructions traditionnelles au milieu des dattiers et des collines rocailleuses : nous sommes bien au milieu du désert, on peut y tourner des films des époques passées. Il reste le Rez-de-Chaussée : une salle de conférences avec rétroprojecteur, sono et tableau à feutre, puis la salle de réunion et le bureau. C’est pour vous expliquer un aspect du fonctionnement de cette communauté : ils ne travaillent que le halal, très strictement, ils s’enrichissent et dépensent énormément pour la religion. Il faut dire qu’ils sont souvent commerçants et s’éparpillent dans tout le pays pour le commerce.

J’ai donné trois conférences dans cette salle : la ruqya, les lois du changement dans sourate Youssef, et comment acquérir la piété dans sourate Baqara, et c’est quand j’ai fait la troisième conférence que je me suis aperçu que c’est leur société que je décrivais. Ils incarnent les trois points clés pour fonder la société de piété : la foi dans l’invisible est très développée chez eux, par exemple comment utiliser des versets et des sourates pour régler beaucoup de questions dans la vie ; l’argent est géré selon un concept très strict : gagner dans le halal et dépenser pour Allah ; enfin le rôle de la femme est crucial : son éducation et son rôle dans la famille et la société est la garantie de la continuité de cette culture ; par exemple ce sont souvent les femmes qui voient en rêve les dangers qui menacent la communauté et les prières à faire. A vrai dire sur cette question des femmes, je m’aperçois que je n’en avais jamais saisi l’importance : j’ai connu l’Islam sans aucun héritage culturel ou transmission familiale ; dans le milieu des immigrés maghrébins ou africains en France, il y avait à mon époque très peu de transmission de l’islam par la famille, et dans tous les pays où j’ai pu tourner je n’ai pas remarqué ce rôle de la femme dans la conservation de la religion. Chez les ibadites, le secret de la conservation de leur société est dans l’éducation de la femme : depuis toujours, ils ont eu des écoles pour leurs filles en Algérie, ou sinon ils les mettaient dans des écoles coraniques, et depuis le statut des écoles privées, ces écoles sont couvertes par le ministère de l’éducation, et comme les mariages son presque exclusivement entre eux, il en résulte que leurs ne rencontrent presque jamais d’autres. Vous voyez comment la correspondance entre sourate Baqara et la communauté ibadite est frappante.

Pourtant la sorcellerie est aussi présente que partout ailleurs : même si les frères nous ont expliqué que les sorciers sont venus d’ailleurs, il n’en reste pas moins que ceux qui payent pour ensorceler nos patients sont majoritairement leurs proches comme partout dans le monde. Par contre, les attaques des diables pour détruire cette communauté sont très fortes comme l’indique la présence du djinn concurrent d’Iblis, et j’espère que le ménage que nous avons fait là-bas sera ressenti après notre départ.

CONCLUSION

Pour une campagne de découverte, elle fut bonne et sans obstacles de la part des autorités ni de la population. Il y a eu assez de patients alhamdou lillah et quelques élèves. Pour revenir, il faudrait qu’il y ait possibilité de médiatiser et de travailler à grande échelle ; en attendant les centres de Ghardaïa et Bouira sont là pour les traitements et les formations.